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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES


Charles Henry. — Œuvres et correspondances inédites de d’Alembert, publiées avec introduction, notes et appendice. Paris, Perrin, 1887. XIX-352 p. in-8o.

La philosophie doit beaucoup déjà à M. Charles Henry. Ce travailleur de marque nous donne aujourd’hui des pages inédites de d’Alembert, où il ne faut pas espérer, d’ailleurs, trouver autre chose que des indications pour une histoire de la pensée philosophique au xviiie siècle.

Dans le morceau qui porte en titre : Éclaircissements sur la liberté, je relève ce paragraphe : « La liberté, dit-on, est connue par le sentiment intérieur… Mais qu’on y prenne garde !… En sentant que nous agissons par choix, nous sentons aussi la force plus ou moins grande des motifs qui nous y déterminent. Je dis des motifs, c’est-à-dire des raisons prises de notre volonté propre, et je ne parle point des raisons prises de l’action des objets extérieurs sur nos organes, de la constitution et du mécanisme de ces organes et de l’influence que ces différentes causes ont sur le principe qui nous fait penser, sentir et vouloir, influence d’autant plus puissante que nous en sentons moins l’effet. Que de chaînes qui nous lient et que de forces qui nous poussent sans que nous le sentions ! »

D’Alembert, dit son savant éditeur, eut pleine conscience de l’importance d’une esthétique scientifique. Il comprit qu’en découvrant les vraies sources du plaisir que nous font éprouver la mélodie et l’harmonie, nous pourrions y trouver des moyens de nous procurer en ce genre des plaisirs nouveaux. « Ses remarques sur les lois de l’hémistiche dans les vers français (p. 94 et suiv.), ses pages sur la musique, notamment ses objections au système de Rameau (p. 151 et suiv.), si admirables de justesse, lui assurent une place indépendante dans l’histoire de l’esthétique. »

Quant aux correspondances avec Catherine II, aux lettres à Mlle Lespinasse et aux quinze lettres de Voltaire, elles offrent un intérêt considérable ; mais je n’en peux rien dire ici. J’ai à peine besoin de recommander ce volume, et tous les lecteurs remercieront M. Charles Henry de le leur avoir donné.

Lucien Arréat.

D. Stolipine. Philosophie des sciences. Le rôle des idées dans le monde social, etc. Genève, Cherbuliez, 1888, 18 p.