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ANALYSES.a. angiulli. La filosofia et la scuola.

la science il est déterminé dans son essence par les conditions des autres mondes, il n’est pas en lui-même une réalité indépendante. Il est impossible que notre monde ait une nature différente de la série des conditions cosmiques dont il est un produit. En d’autres termes, nous ne pouvons, sans mutiler l’unité du réel, sans admettre un fait privé de cause, ou A différent de A, affirmer dans d’autres mondes l’existence de principes et de lois totalement différents de ceux qui dominent dans les nôtres. La ressemblance de nature dans la totalité infinie est une conséquence de l’axiome de la science moderne que nous formulons d’ordinaire par les mots d’indestructibilité de la matière et de persistance de la force. La loi des expériences concrètes et présentes ne peut pas être séparée de la loi des expériences possibles, de la loi de la régularité immanente dans la totalité de l’être. »

Ainsi l’entité de l’incognoscible s’en va rejoindre toutes les autres entités, y compris celle de la chose en soi. C’est précisément la chose en soi, identique à ses qualités, que la philosophie expérimentale prétend connaître. Son objet, ce sont les essences, ce sont les origines, ce qui n’est, après tout, qu’une seule et même chose. Qu’est-ce que la vie, qu’est-ce que l’esprit ? Ces problèmes comportent une solution cosmique et génétique, et l’on peut dire que, grâce aux récents progrès des sciences, cette solution est déjà fort avancée. Nous possédons maintenant un ensemble de théories générales qui concourent à démontrer l’unité des forces, des substances et des lois. Tout s’explique par la matière et le’mouvement. La cause de l’évolution cosmique est immanente à la substance cosmique ; elle est cette même substance en tant qu’elle se meut. « La doctrine de l’évolution nous montre la continuité et la ressemblance substantielle de la toile cosmique, avec une différenciation ou spécification progressive. Elle nous fait voir de pures différences de combinaisons, de simples transitions entre l’organique et l’inorganique, entre la vie, entre la conscience et ce qui n’est pas conscient.

Le problème de la vie ne renferme d’inextricables difficultés que pour ceux qui veulent anticiper sur les progrès des sciences, qui font une dualité arbitraire dans le savoir comme dans l’être, qui se contenteraient peut-être du comment en physique et en chimie, mais s’obstinent ailleurs à exiger des pourquoi imaginaires. Il faut leur répondre avec M. Angiulli : « Le phénomène de la vie apparaît dans une combinaison spéciale des éléments mécaniques, dans un ordre spécial de combinaisons, dans un groupe défini de substances. Les changements moléculaires que subit la substance vivante sont d’une certaine espèce, de celle que nous nommons assimilation, reproduction, sensibilité, motilité… Ce n’est point une propriété inhérente à la matière cosmique en général, mais le produit d’une de ses transformations. Le phénomène de la vie et de la sensibilité est spécial. On ne peut l’attribuer aux atomes matériels eux-mêmes ; il ne peut se trouver où manquent certaines conditions spéciales. Si la sensibilité est une manifestation de