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tique métaphysique et cosmologique, celle qui, au lieu de suivre la méthode psychologique (qui est la sienne), a son point de départ dans l’idée même du beau et dans la considération objective des beautés de la nature et de l’art (Schelling, Hegel, etc.). Lui-même ne répond pas assez clairement aux objections qui lui sont faites (Vischer, p. 14, 16) ; il passe du moins, selon nous, trop légèrement sur ces objections. — Mais nous nous bornons à ces remarques personnelles, dans l’impossibilité où nous sommes nous-même de justifier ici nos assertions.

Ch. B.

Andrea Angiulli. La filosofia et la scuola, XXIII-408 p. in-8o. Naples, Anfossi, édit., 1888.

Ce livre réunit une série de conférences que l’éminent professeur de philosophie et de pédagogie à l’Université de Naples a faites, en deux années successives, sur la philosophie scientifique et sur son importance morale et éducative. Nous retrouvons ici, élargies, précisées et élucidées encore, s’il se peut, les idées que les premiers essais de M. Angiulli et la Rassegna critica nous ont rendues familières. Ce livre achève de nous faire connaître la doctrine et de caractériser la personnalité de l’auteur. Ce ferme et sérieux esprit, d’une logique si sûre, d’une exposition si nette et si rigoureuse, vient de conquérir un nouveau titre d’honneur à cette phalange de penseurs italiens qui ont réussi en quelques années à fonder une nouvelle école de philosophie : j’ai nommé Morselli, Sergi, Buccola, Siciliani, de Dominicis, Cesca, Trezza, Ardigo, Vignoli, Boccardo, Schiattarella, de Martiis, et autres illustres philosophes évolutionnistes. Ne disposant pas d’assez d’espace pour analyser à fond, comme elles sont traitées par l’auteur, toutes les importantes questions agitées et résolues dans ce livre, qu’il me suffise d’en donner une idée, d’en signaler les vues les plus essentielles et les plus originales.

Dans l’Introduction et dans le premier chapitre, l’auteur montre la possibilité de fonder une philosophie scientifique. Il nous la montre en fonction dans les trois autres chapitres consacrés à la doctrine de la connaissance, à celle de l’évolution et à celle de l’éthique. Ces divisions de l’ouvrage marquent fort nettement l’objet de la nouvelle philosophie. Elle ne vise à rien moins qu’à reconstituer, mais sur les bases de la science, une métaphysique complète : critique de la connaissance, ontologie, éthique. Si le cadre et le nom restent les mêmes, quelle différence dans le contenu ! Cette critique aboutit à l’explication, non à la destruction du sujet et de l’objet ; cette cosmologie est absolue dans sa relativité, comme les sciences d’où elle émane ; cette morale, fille de l’expérience et de l’évolution, germe du sein même de la doctrine cosmique. Ces trois parties de la métaphysique forment un indissoluble tout, se réclament, se complètent les unes les autres. La science, en un mot, est une, comme la réalité est une.