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volontiers à reconnaître, dans les Recherches historiques et critiques de M. Bergmann, un mérite réel et supérieur qui donne droit à un livre d’être sérieusement examiné et discuté. Nous regrettons de ne pouvoir lui consacrer que quelques lignes, afin d’en faire connaître le sujet et l’esprit dans lequel il est composé ainsi que le résultat général qui semble constituer une nouvelle doctrine.

L’auteur, comme esthéticien, se déclare lui-même à la fois disciple de Kant et de Herbart ; mais il a ses vues personnelles qu’il expose et s’attache à justifier. Le but qu’il se propose est, dit-il, de combiner et d’accorder ensemble les deux points de vue séparés et opposés dans les doctrines issues du criticisme ou du subjectivisme kantien et du formalisme herbartiste.

La table des matières que nous mettons sous les yeux du lecteur indique assez clairement le contenu de ce travail et la manière dont est traité à la fois historiquement et théoriquement le problème esthétique :

I. Détermination de l’idée du beau ;

II. Caractère psychologique de la recherche de l’idée du beau ; l’esthétique cosmologique ;

III. La considération (Betrachtung) esthétique ;

IV. Exclusion par Kant de l’agrément sensible et du concept de la considération esthétique ;

V. Combinaison du sentiment (Fühlen) et de la considération (Betrachtung) dans le mode de la pensée (Verhalten) esthétique ; la beauté et ses qualités constitutives, objectives (réelles) ;

VI. Doctrine de Kant et de Herbart sur la corrélation du sentiment et de la considération dans le mode d’action de la pensée esthétique ;

VII. Le problème que fait naître l’idée de la beauté ; manière dont le conçoit Schopenhauer ;

VIII. Solution par Herbart du problème de la beauté de la forme ;

IX. Le problème de la beauté de la forme ; solution donnée par Schiller ;

X. Les espèces de la beauté ;

XI. La diversité des sujets ; doctrine de Kant de l’universalité et de l’indémontrabilité des jugements esthétiques.

Nous ne pouvons suivre l’auteur dans les développements qu’il donne à chacun de ces points. Nous laissons M. Bergmann nous dire lui-même en quoi il diffère à la fois de Kant et de Herbart dans la manière d’envisager et de résoudre le problème du beau, objet de ses recherches.

« Une des convictions fondamentales qui nous séparent de Kant et qui nous unissent à l’homme le plus éminent après Kant dans la direction esthétique opposée par nous sous le nom de psychologique à la direction métaphysique ou cosmologique (hégélienne), est celle-ci : il existe une beauté dans les objets phénoménaux désignés comme beaux qui n’est pas un simple pouvoir de produire une certaine jouissance, mais leur convient comme réelle et comme qualité constitutive, en un