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ANALYSES.j. bergmann. Vorlesungen ueber, etc..

synthèse des fonctions. Je crois que cette interprétation suffit, sans métaphysique aucune, à retenir ce qu’il y a de juste dans la conception de l’esprit. L’âme est une loi abstraite des phénomènes et exprimant leur synthèse systématique.

Conservant l’âme métaphysique, M. Simon est encore à chercher son mode d’action sur le corps. Voici son hypothèse : « De sa nature (de l’âme) la physiologie ne nous apprend rien ; de son mode d’action sur la matière, nous ne savons rien non plus ; nous sentons qu’elle agit, voilà tout. De ce mode d’action, pourtant, il semble possible d’entrevoir quelque lueur… On peut se demander, en effet, si ces vibrations que nous avons considérées comme constituant les images de la mémoire et de l’imagination, n’ont pas pour excitant, pour moteur intermédiaire dans le système nerveux, ce fluide impondérable, l’éther, que les physiciens considèrent comme pénétrant tous les corps de la nature et donnant naissance par ses modalités diverses à toutes les forces physiques. »

En somme, l’ouvrage de M. Simon est un bon traité de la pathologie de l’imagination, un recueil riche en faits et en idées, un livre à lire, à consulter et à recommander.

Fr. Paulhan.

Dr J. Bergmann. Vorlesungen ueber Metaphysik mit besonderer Beziehung auf Kant. Leçons sur la métaphysique avec rapport particulier à Kant. Berlin, 1886, Mittler et fils.

M. Jules Bergmann n’est pas un inconnu pour les lecteurs de cette Revue et, non moins que les précédents, son dernier ouvrage mérite l’attention du public philosophique. La métaphysique qu’il nous expose n’est pas certes tout à fait nouvelle. Avec quelques réserves et quelques corrections, c’est la doctrine des monades. Mais il n’est pas sans intérêt de voir les profondes spéculations de Leibniz étayées d’arguments nouveaux et défendues pied à pied contre la critique de Kant. D’ailleurs, dans la discussion des principes du criticisme, l’auteur apporte des qualités philosophiques de premier ordre : une sincérité parfaite, une incontestable pénétration, une remarquable clarté dans les idées et une réelle vigueur d’argumentation.

Qu’est-ce d’abord que la métaphysique ? À cette question préjudicielle, M. Bergmann répond avec Aristote : La métaphysique est la science de l’être. Elle a pour objet exclusif les caractères communs à tous les êtres, ceux qu’ils ne sauraient perdre sans cesser d’exister. La métaphysique ou philosophie première est donc l’ontologie au sens strict.

Ici, pour la première fois, l’auteur entre en conflit avec Kant. D’après ce dernier, une science de l’Être comme tel serait sans objet. L’être n’est à aucun titre une qualité ou un prédicat. Dire qu’une chose existe, ce n’est rien déterminer à son égard, mais simplement la poser. L’existence n’est ni un attribut essentiel de la chose, puisqu’elle peut ne pas exister, ni une détermination qui s’ajoute au contenu de la représenta-