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un grand nombre de faits, il en est peut-être qui demandent une interprétation différente.

Au début du chapitre V, qui traite de l’hallucination visuelle, M. Simon nous dit en note que l’étude formant la matière de ce chapitre est la reproduction intégrale d’une brochure publiée en 1880, où, pour la première fois, les images accidentelles consécutives à l’hallucination étaient invoquées comme preuve physiologique de la nature de ce phénomène ». En effet les images accidentelles forment la base de la théorie de l’auteur. « L’hallucination, dit-il, a plus d’une fois été considérée, par les auteurs qui ont étudié ce phénomène, comme une sensation suivant une route inverse de celle que parcourent habituellement les sensations, c’est-à-dire se propageant de l’intérieur à l’extérieur… Ce mécanisme de l’hallucination offre un très grand degré de vraisemblance et… ce degré de vraisemblance est encore augmenté si l’on réfléchit à cette circonstance que les images hallucinatoires sont en un rapport très étroit avec les habitudes des malades ; qu’elles sont liées, en somme, d’une façon absolument intime à leurs acquisitions antérieures. » Mais il s’agit d’avoir une preuve positive que cette théorie est bien la vraie ; c’est ici que M. Simon fait intervenir les images accidentelles, le fait qu’il retient est que « des modifications rétiniennes ayant été imprimées à l’organe visuel par une sensation lumineuse donnée, les perceptions subséquentes se font dans de certaines conditions déterminées. » Or il est connu que les hallucinations de la vue peuvent donner naissance à des images accidentelles : par exemple, « à la suite d’une hallucination hypnagogique représentant du spath fluor violet sur des charbons ardents, une tache jaune sur fond bleu était nettement perçue ». M. Simon conclut ainsi : « Une hallucination de la vue et une perception visuelle externe donnent naissance, dans des conditions déterminées, à des perceptions visuelles consécutives identiques. L’identité d’effet ne saurait répondre qu’à l’identité de cause et nous sommes naturellement amenés à conclure que : dans l’hallucination visuelle, depuis la couche corticale — aboutissant ultime des dépressions recueillies par le sens de la vue et du reste par tous les sens, lieu de conservation des images antérieurement acquises et qui forment les éléments des fantômes hallucinatoires — jusqu’à la rétine, l’appareil tout entier est mis dans l’état même où il se trouve dans le cas d’une perception réelle. » On voit que M. Simon se rattache à la théorie qui fait de l’hallucination un phénomène cérébro-sensoriel ; sa théorie est-elle absolument incontestable ? La preuve qu’il en donne est-elle bien concluante ? Comment expliquer avec cela les hallucinations chez les aveugles ? si l’appareil tout entier sensoriel et psychique, depuis la rétine jusqu’à l’écorce cérébrale, est dans le même état, quand une perception ou quand une hallucination se produit, comment l’hallucination est-elle possible alors que la perception ne l’est pas ? D’un autre côté, on sait que les personnes douées d’un bon pouvoir de localisation, après s’être repré-