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de monographies intéressantes, curieuses, généralement bien faites ; quelques-unes, celle de l’hypnotisme en particulier, sont insuffisantes.

Dans le chapitre sur le rêve et l’organisme, je citerai la loi formulée par M. Simon à propos des rapports qui existent entre certains rêves et quelques états organiques. Il est, dit l’auteur, « un certain nombre de rêves qui sont engendrés dans l’esprit du dormeur par des impressions venant des appareils viscéraux. Ces rêves sont extrêmement curieux à étudier à ce point de vue surtout qu’il existe, entre l’organe d’où part l’impression génératrice du rêve et l’image mentale produite, une relation souvent très étroite. Les anciens avaient vu quelque chose de ces faits, et nous savons qu’Hippocrate tirait des songes, auxquels sont sujets certains malades, des indications diagnostiques et pronostiques ». Il est incontestable qu’il y a une relation entre les rêves et l’état des organes ; quel est ce rapport ? « Pour résoudre cette question, dit l’auteur, nous commencerons par rappeler que, dans l’expression de toutes les passions, de toutes les émotions, certains appareils organiques entrent particulièrement en jeu : pour nous en tenir à une seule espèce d’émotion : dans la crainte le cœur bat, et lorsque ce sentiment est porté jusqu’à la terreur, la respiration devient haletante, le frisson se fait sentir, la peau s’horripile, etc. Cela posé, de l’observation d’un certain nombre de rêves nous a paru ressortir la loi suivante : Lorsque, pendant le sommeil, par une cause quelconque, un appareil organique, servant à l’expression d’une passion donnée, est placé dans l’état dynamique où il se trouve ordinairement dans la manifestation de cette passion, le rêve qui naîtra dans une telle circonstance sera constitué par des représentations mentales correspondant à cette même passion. » D’un autre côté, envisageant les besoins, les instincts qui ont « leur point de départ et, si je puis dire, leur lieu d’excitation dans certains appareils fonctionnels », M. Simon est conduit à la loi suivante : L’état d’activité, d’excitation, de souffrance même, pendant le sommeil, d’un appareil servant à l’exercice d’une fonction organique, sera fréquemment accompagné d’images mentales ayant trait à l’exercice de cette fonction. Ces deux lois de M. Simon me paraissent en somme être des cas particuliers de la loi générale d’interprétation : chaque fois qu’un phénomène est perçu, il détermine l’apparition d’un système de phénomènes concordants. De plus, il ne faut évidemment voir dans les lois de M. Simon, comme dans presque toutes les lois psychologiques, et j’ajouterai comme dans un grand nombre de lois physiques, que des approximations. M. Simon a raison d’ailleurs de l’indiquer lui-même, à propos de sa seconde loi, par l’emploi du mot fréquemment, qui implique en quelque sorte que certains faits peuvent faire exception.

Dans le chapitre IV, Le rêve et l’esprit, après avoir examiné la cérébration inconsciente, les rêves scientifiques, les rêves artistiques et cité à ce sujet des faits intéressants dont quelques-uns sont peu connus, l’auteur aborde la question du pressentiment. On sait que cette