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remplissent le temps entre les deux bruits perçus. Le degré d’erreur dans l’appréciation paraît répondre en une certaine mesure à cette marche intermittente de l’attention.

Lehmann. Sur la reconnaissance : Essai d’une théorie expérimentale de l’association des idées. — Le but principal de ce travail est d’établir une distinction fondamentale entre l’association par contiguïté et l’association par ressemblance et de montrer que la première seule suffit aux explications. Si l’on considère les représentations non comme des grandeurs, mais comme des états, l’hypothèse d’une pure association par ressemblance conduit à des absurdités. Elle est inutile pour expliquer la reconnaissance ; l’autre suffit. Car du point de vue de la théorie de la contiguïté, on ne peut faire que deux hypothèses : 1o La reconnaissance est due à ce que d’une sensation antérieure naît une image à laquelle la sensation postérieure se laisse comparer ; en sorte que plus petite sera la différence et plus grand le nombre des sensations et moins sera grande la sûreté de la reconnaissance. De plus, la répétition et l’habitude doivent avoir une grande influence. L’expérience vérifie ces considérations théoriques. 2o La reconnaissance est due à une détermination (telle qu’un nom) liée à une sensation et qui peut être reproduite, quand la sensation reparaît ultérieurement ; considérations théoriques qui sont aussi vérifiées par les résultats de l’expérience. L’association par contiguïté a une valeur purement formelle. On peut bien, du point de vue pratique, diviser les associations en internes (par ressemblance) et externes (par contiguïté), comme l’a fait Wundt, mais en comprenant bien que les premières ne sont que des formes d’association. La ressemblance ne peut jamais être une cause d’association. L’auteur critique Riehl qui appelle le premier genre d’association, psychologique, et le second, physiologique, et qui réduit l’explication des associations par ressemblance à « l’unité de la conscience ». Cela n’explique rien, parce que cela explique trop, c’est-à-dire une des formes de l’association aussi bien que l’autre.

Starke. Sur la mesure des intensités des sons. — Complément d’un travail antérieur. Le résultat général, c’est la loi de proportionnalité de l’intensité du son avec la force vive : le son croît proportionnellement à la hauteur de la chute, le poids étant constant ; proportionnellement au poids, la hauteur étant constante.

O. Berger. Influence de l’habitude sur les phénomènes psychiques. — Elle peut être double : ou elle abrège la durée du phénomène, ce qui, en général, en change le genre ; ou bien le genre du phénomène change, la durée restant la même. L’auteur a étudié la manière dont les écoliers d’âges divers lisent l’allemand ou le latin, distinguent des couleurs vulgaires de couleurs moins répandues, etc. L’habitude agit surtout sur le phénomène central ; elle augmente l’étendue de la conscience en permettant de saisir des associations de plus en plus compliquées.