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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Louis Liard. Des définitions géométriques et des définitions empiriques. Nouvelle édition, 1 vol.  in-18, 179 p.. Bibliothèque de philosophie contemporaine. F. Alcan, 1888.

M. Liard publie une nouvelle édition de la thèse qui a commencé sa réputation de logicien. La Revue n’était pas fondée quand parut cet ouvrage sous sa forme primitive, en 1873. Nous croyons donc devoir en donner une analyse à nos lecteurs et discuter quelques-uns des problèmes qu’il soulève.

L’introduction nous définit la définition. La définition consiste à distinguer l’essence de l’accident, elle est donc universelle, analytique et doit convenir à tout le défini et au seul défini, cette définition s’opère per genus proximum et differentiam specificam. Si M. Liard se proposait seulement de faire la théorie logique de la définition, son œuvre serait achevée, mais le but qu’il se propose est plus élevé. « La logique formelle, dit-il, suppose résolues plusieurs questions de la plus haute importance. D’où nous viennent les éléments de nos idées ? Comment se combinent-ils pour former ces systèmes que nous décomposerons ensuite ? Quel lien les enchaîne ? Ce lien est-il accidentel ou nécessaire ? Sommes-nous autorisés à croire à la permanence des totalités dont il unit les parties ?

« Tant que ces questions n’ont pas reçu de réponse, la définition est un pur jeu de l’esprit. On en connaît peut-être le mécanisme, mais on en ignore à coup sûr la nature, la valeur et le rôle (p. 16). »

C’est donc la nature, la valeur et le rôle des définitions que M. Liard a surtout voulu déterminer en géométrie et en histoire naturelle. La question qu’il se propose de résoudre est ainsi à la fois psychologique, métaphysique et logique : psychologique, puisqu’il veut déterminer la genèse des définitions ; métaphysique, puisqu’il veut se rendre compte de leur valeur ; logique enfin, puisqu’il veut découvrir le rôle qu’elles jouent dans la constitution de la science. Et quand nous disons de la science, cela même n’est exact qu’à moitié. M. Liard ne se propose d’étudier les définitions qu’en géométrie et en histoire naturelle. Sans doute, à prendre la chose en gros, ce qu’il dira des définitions géométriques pourra s’appliquer aux autres définitions mathématiques, et ce qu’il dira des définitions empiriques pourra s’appliquer aux déſinitions autres que celles de l’histoire naturelle, à celles de la physique