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de la loi de systématisation la fonction primordiale de l’esprit. Je les discuterai plus tard.

IIILa loi d’association systématique et les éléments psychiques.

La tendance à l’association systématique est une propriété des éléments psychiques, telle est la seconde loi par laquelle on peut compléter la première ; nous les vérifierons toutes les deux ensemble. J’entends par là que dès qu’un élément psychique existe, il tend à en susciter d’autres. Ce n’est pas l’ensemble de l’esprit, s’il n’est pas lui-même coordonné, qui détermine l’apparition des phénomènes, ce sont les éléments. C’est-à-dire que c’est ce qui est déjà systématisé dans l’esprit qui tend à acquérir une systématisation plus complète. Si c’est une sensation, elle tendra à éveiller des idées ou des actes particuliers, précis, appropriés ; si c’est une tendance générale, une organisation mentale préétablie, elle tendra à faire interpréter de telle ou telle manière les sensations qui arriveront à l’esprit. Chaque système agit pour soi, de là provient un fonctionnement de l’esprit qui peut aller en quelques cas jusqu’au dédoublement de la personnalité, quand des systèmes différents, non harmoniques coexistent en nous ; chacun travaille pour lui et tend à s’assimiler de nouveaux éléments psychiques. Comme tout élément psychique est systématique, comme lorsque la finalité n’existe pas dans l’ensemble d’un organisme psychique ou d’une suite d’actes ou d’une théorie, ou d’un raisonnement, ou d’une passion (et en ce cas tous ces faits ne sont pas réellement des éléments psychiques), elle existe dans les éléments ; cette tendance des éléments à l’association systématique s’exerçant sans contrôle supérieur, sans direction générale, arrive à produire de nombreux désaccords, dans le total des opérations psychiques ; on aurait quelque chose d’analogue dans un orchestre où chaque musicien jouerait un air différent dans un ton différent.

Parmi les exemples d’actions coordonnées relativement isolées que nous offre la physiologie il faut aussi citer ces battements du cœeur produits par les ganglions nerveux qui se trouvent dans les parois de cet organisme. Le cœur arraché de la poitrine peut continuer à battre, on a observé un fait analogue sur l’homme même : une heure après la mort on a vu le cœur d’un supplicié présenter encore des contractions rythmiques. De même pour la respiration. On sait que le centre principal de la respiration se trouve dans la moelle allongée,