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PAULHAN.finalité des éléments psychiques

entièrement. Sans doute il y a partout quelque coordination, quelque harmonie, sans doute aussi cette harmonie qui n’est jamais parfaite, même où elle atteint son plus haut degré, est encore réelle où elle atteint son degré le plus bas, il n’en reste pas moins qu’elle n’est ni de même espèce, ni de même valeur en haut et en bas, et aux divers degrés de l’échelle.

Mais à côté de ces différences essentielles il y a des analogies frappantes qui ressortiront spontanément de l’étude de la synthèse psychique. D’ailleurs il y a des analogies entre tous les phénomènes naturels. Mais restreignons-nous aux phénomènes psychiques.

Si tous sont composés, ils comprennent naturellement des éléments. Il convient de s’arrêter un peu sur la notion de l’élément psychique.

Les éléments psychiques peuvent être de nature diverse selon le composé que nous considérons : dans l’audition d’un accord, par exemple, ces éléments sont des sensations auditives ; dans la vision d’un paysage, ces éléments sont des sensations visuelles, dans une volition, ces éléments sont des idées, des tendances motrices, des impulsions, etc. C’est une question de savoir si tous les phénomènes psychiques sont en dernière analyse composés d’un élément unique, le « choc nerveux » de M. Spencer[1], qui quoique complexe à un certain point de vue, car il correspond forcément à un état physiologique assez compliqué, serait simple au point de vue mental et formerait l’élément primordial de notre vie psychique. Cette question ne paraît pas encore absolument résolue et pour le moment nous n’avons pas besoin de lui donner une solution. Les lois des combinaisons chimiques ne varient pas si l’on suppose que tous ces corps simples sont formés d’atomes semblables diversement groupés, ou si l’on pense que les dernières particules du plomb, par exemple, diffèrent de celles du chlore.

Une belle expérience de synthèse des éléments psychiques est celle par laquelle M. Helmholtz a montré la nature des sons des voyelles. M. Helmholtz, à l’aide d’un ingénieux appareil, fait vibrer à la fois divers diapasons accordés suivant un son fondamental et ses différentes harmoniques ; selon les diverses combinaisons que l’on produit, on produit des voyelles diverses. Avec huit diapasons Helmholtz, a reproduit les sons ou, o, eu, avec quatre autres diapasons il reproduit les sons a, etc. La découverte de la nature du timbre des sons permet de considérer chaque instrument de musique, chaque voix, comme donnant une synthèse d’impressions auditives de sons.

  1. Voyez H. Spencer, Principes de psychologie, vol.  I.