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LA FINALITÉ COMME PROPRIÉTÉ DES ÉLÉMENTS PSYCHIQUES


I

Les lois de l’association telles que l’école anglaise les a exposées sont, comme nous l’avons vu[1], absolument incapables de nous rendre compte de la vie de l’esprit. Nous sommes nécessairement conduits à envisager dans ces phénomènes psychiques une loi d’organisation, de systématisation, de finalité si l’on veut, absolument irréductible aux lois d’association par contiguïté et ressemblance. Je voudrais ici examiner cette loi d’organisation et en déterminer les manifestations différentes, en m’attachant surtout aux faits les moins connus et les moins étudiés et sans sortir des lignes générales du sujet dont je me propose d’étudier ailleurs les détails.

Tout fait psychique est un système, une synthèse d’éléments plus ou moins bien coordonnés ; que nous prenions une sensation de l’ouïe ou de la vue, une idée, un sentiment, une volition, nous trouvons toujours que ce phénomène est complexe et que les éléments en sont coordonnés de quelque manière ; c’est une loi de l’esprit qu’aucun phénomène psychique, ainsi que nous l’avons vu, ne peut se produire dont les éléments soient totalement incoordonnés. Il s’agit maintenant non pas de montrer que cette coordination existe encore à quelque degré dans les phénomènes psychiques les plus incohérents, mais de rechercher comment elle se produit et ce qu’elle est.

On a comparé souvent ces combinaisons mentales aux combinaisons chimiques, mais, je crois, sans approfondir suffisamment leur rapport. Les analogies sont, en effet, remarquables. Il y a toutefois des différences essentielles qu’il ne faut pas perdre de vue. La psychologie est irréductible à la chimie, elle ne relève que de la biologie et les systèmes chimiques sont isolés, au moins ne se coordonnent-ils pas normalement entre eux. Sans doute on en est venu à con-

  1. Voir le n° de Janvier dernier.