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ture une apparition objectivement réelle dans le temps et dans l’espace, une manifestation, indépendante de toute perception consciente, de l’être qui constitue le monde ; dans le mécanisme conforme à des lois, le moyen véritable par lequel est réalisée la téléologie naturelle ; enfin dans la nature le point de départ et le point d’appui (Vorstufe und Sockel) de l’esprit.

Les différences sont plus grandes encore pour la philosophie pratique que pour la philosophie théorique. Sch. ne croit qu’à la résignation pour le sage ; il n’a en vue, dans sa morale ésotérique, que le salut de l’individu et ne la fait reposer que sur le pessimisme métaphysique et l’idéalisme subjectif, ordonnant ainsi à l’individu de détourner sa volonté de la vie et lui montrant cette tâche comme impossible à mener à bonne fin. H. recommande l’action et prescrit à l’individu d’employer ses forces pour le service du tout ; il fait d’un côté reposer le principe moral monistique sur le principe religieux et lui donne de l’autre une valeur positive qui lui manquait chez Schopenhauer, en faisant agir l’individu en vue du progrès du tout. Enfin Schopenhauer ne distingue pas le pessimisme empirique du pessimisme métaphysique : il déduit le premier comme le second de deux propositions fausses, à savoir que l’être constituant le monde est aveugle et privé de raison, que le plaisir est chose négative.

Benno Erdmann. Le point de vue métaphysique de Kant vers 1774. — Étude intéressante sur le développement philosophique de Kant. B. Erdmann pense, en s’appuyant sur un manuscrit de cette époque, que Kant croyait toujours encore vers 1774 trouver une méthode qui lui permît d’étendre la connaissance dogmatique par la raison pure.

R. Lehmann. L’intuition psychologique fondamentale dans la doctrine des catégories. — Travail qui met bien en lumière les rapports du criticisme avec la psychologie et rend plus compréhensible la doctrine de Kant, mais qu’il est impossible d’analyser à cause des nombreuses citations qu’il contient.

C. Schaarschmidt. — Réfutation du déterminisme. — Schaarschmidt distingue la liberté corporelle et la liberté intellectuelle dont le concept est tout à fait clair, de la liberté naturelle de la volonté (Willkühr) et de la liberté moralement rationnelle ou idéale dont il cherche d’abord à déterminer les rapports. Puis il expose la thèse des déterministes et celle des indéterministes, les compare et essaye de les réunir, examine et écarte le déterminisme, examine et rectifie l’indéterminisme. Du point de vue le plus général, dit-il en terminant, la liberté de la volonté peut être considérée comme la clef qui ouvre à l’homme le monde sensible, l’ordre moral et le royaume de Dieu, qui fortifie et satisfait les trois tendances fondamentales chez l’homme, la tendance à connaître, la tendance morale et la tendance religieuse. Sans la réalité de la liberté il n’y aurait plus pour nous un monde réel que nous distinguions de