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complication des impressions, c’est-à-dire par la réunion d’impressions disparates. W. examine ici notamment les complications de plus de deux impressions. S’il se produit une troisième impression, si, par exemple, en même temps que l’impression sonore à apercevoir et intercalée dans une série d’impressions visuelles se produit une impression tactile, ces deux impressions sont toujours saisies simultanément ; quant au déplacement du temps, il diminue considérablement en comparaison de ce qui se passe dans la complication simple, cependant reste en général négatif. Si on ajoute une troisième impression hétérogène, le déplacement du temps prend des valeurs positives, qui augmentent encore avec une complication du quatrième degré. Si on ajoute à la complication primaires de deux impressions des impressions non pas disparates, mais homogènes à celle qui est déjà intercalée, le déplacement du temps suit la même direction que tout à l’heure ; mais quantitativement le changement est ici moindre que dans le cas précédent, si bien que, même avec l’addition à la complication primaire de trois impressions homogènes, le déplacement du temps reste négatif (336 et suiv.).

Le §  5 (Cours des représentations reproduites) résume les recherches nouvelles qui ont été faites sur le sens du temps. W. signale comme particulièrement importante pour l’essence de notre intuition du temps la loi de périodicité propre à cette intuition, d’après laquelle les écarts de l’espace de temps reproduit vis-à-vis de l’espace de temps primitivement donné oscillent régulièrement suivant une périodicité dépendant du temps d’indifférence (c’est-à-dire du point où le temps reproduit est perçu égal au temps primitivement donné), de telle sorte que l’écart du temps reproduit vis-à-vis du temps primitif atteint toujours son minimum relatif dans les intervalles qui sont des multiples du moment d’indifférence (353).

Le §  6, entièrement nouveau, étudie la Reproduction qualitative dans sa dépendance à l’égard du temps, c’est-à-dire le problème de la mémoire, et complète ainsi le précédent.

États hypnotiques. — On peut signaler ici quelques additions et modifications pour lesquelles W. paraît s’être inspiré surtout des travaux français, principalement de ceux de Beaunis.

Mouvements d’expression. — Un développement particulier nouveau est consacré dans ce chapitre à l’évolution de la musique. La parole et le chant auraient eu leur point de départ commun, selon l’auteur, dans une forme musicale du langage qui n’était encore ni le chant, ni la parole au sens actuel et qui se serait ensuite différenciée d’une part en parole dépourvue à peu près de mélodie et de rythme, d’autre part en chant proprement dit. La musique instrumentale doit être considérée comme postérieure au chant. Elle lui est dans un rapport analogue à celui de l’écriture à la parole.

On voit par cette analyse que, si l’ouvrage de W. est resté inaltéré dans les grandes lignes, il a néanmoins reçu des additions et perfec-