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ANALYSES.wundt. Physiologische Psychologie.

de ces conditions par le moyen des appareils stroboscopiques (tels que les zootropes), où il se produit une fusion des images, quoique l’œil ne soit impressionné que d’une manière discontinue (135).

Étendue de la conscience. — Signalons ici surtout l’étude de l’influence exercée par des conditions subjectives sur la perception d’impressions successives. Ainsi, en supposant des battements de pendule qui se succèdent régulièrement, nous ne pouvons entièrement nous empêcher de les rythmer. Si on s’abandonne à sa tendance à rythmer, on peut maintenir ensemble dans la conscience un plus grand nombre d’impressions. W. explique cette tendance irrésistible à rythmer des impressions successives même objectivement identiques par des oscillations périodiques de l’aperception, c’est-à-dire de l’attention. Des expériences faites pour mesurer directement la durée de ces oscillations ont permis de constater que l’aperception est une fonction régulièrement périodique ; la durée d’une période de tension est en moyenne 2,5 — 4", elle est un peu différente selon les sens, elle n’est pas sensiblement augmentée lorsqu’on aperçoit simultanément deux sensations de sens différents ; dans ce dernier cas, il semble se former non deux aperceptions, mais plutôt une aperception composée, ou une suite d’aperceptions doubles, séparées l’une de l’autre par des intervalles réguliers (246 et suiv.).

Aperception. — Le ch.  XVI, qui traite de l’aperception, a été considérablement remanié et augmenté. Une distinction importante, manquant dans les éditions précédentes et qui a entraîné des modifications dans tout le reste du chapitre, c’est celle d’un temps de réaction complet et d’un temps de réaction raccourci. Dans le premier on a tous les moments du temps de réaction et notamment les trois actes psychophysiques de la perception, de l’aperception, et de l’excitation volitive ; dans le second, le processus de l’aperception se trouve vraisemblablement éliminé et en outre les actes de la perception et de l’impulsion motrice probablement coïncident, cette dernière ne venant plus de la volonté, mais se produisant d’une manière réflexe aussitôt que l’impression a lieu. Pour avoir un temps de réaction aussi complet que possible, il faut diriger avec intensité son attention sur l’organe du sens par où doit venir l’impression ; pour avoir un temps raccourci, il faut au contraire concentrer son attention sur l’organe moteur qui doit réagir. C’est parce que les précédents observateurs et W. lui-même n’avaient pas aperçu cette distinction qu’ils ont obtenu des chiffres parfois si divers dans leurs différentes observations ; il est à noter, en effet, que telles personnes, sans s’en douter, ont une tendance à réagir sensoriellement, c’est-à-dire en concentrant leur attention sur le sens, telles autres à réagir musculairement.

Le §  4 du présent chapitre, intitulé Aperception d’impressions simultanées et se suivant rapidement et correspondant au §  5 de la 2e édition, renferme une étude plus complète que précédemment de l’influence exercée sur la disposition des représentations dans le temps par la