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« Le mot consonance désigne l’unité de son. La consonance est le plus parfaite quand deux sons s’accordent qualitativement d’une manière complète, ainsi quand leurs sons fondamentaux sont identiques ;… le concept de consonance coïncide absolument avec celui de parenté directe des sons. La dissonance est la négation de ce concept. Donc sont dissonants les sons qui n’ont aucun ou à peu près aucun son partiel commun. » Au contraire, « nous entendons par harmonie un accord de sons qui repose non sur l’identité de sons communs, mais sur un rapport de sons divers entre eux, senti immédiatement comme convenable. La consonance est par conséquent un accord au moyen de sons identiques, l’harmonie un accord au moyen de sons différents, mais reliés entre eux suivant une certaine loi. Cette loi naturellement repose, non sur les rapports objectifs des vibrations comme tels, mais simplement sur les sensations. Abstraction faite de la consonance, c’est le rapport à un son fondamental commun, par conséquent la parenté indirecte qui produit cette loi. Le son simple complet, consistant en un son fondamental et en ses plus proches harmoniques distinctement perceptibles, est en fait le type auquel se ramène toute harmonie. » (64)

Sensations composées visuelles. — W. signale ce fait que, dans certaines affections pathologiques de la rétine, si des éléments rétiniens se trouvent dérangés de leur place habituelle, il se produit des troubles dans l’appréciation des formes spatiales (métamorphopsies), lesquels suivent cette règle que les impressions sont localisées de la façon qui correspond à la situation normale des éléments rétiniens déplacés. Ainsi des lignes droites peuvent paraître courbes ou brisées, les objets peuvent sembler grossis ou rapetissés, selon que les bâtonnets et cônes se trouvent rapprochés ou écartés les uns des autres (88). — Il formule (107, 108) une loi nouvelle (la loi de la correspondance de l’aperception et de la fixation) ; elle exprime ce fait que les lignes visuelles de l’œil normal se dirigent d’elles-mêmes en vertu d’un mécanisme central vers l’objet auquel nous donnons notre attention. Ce n’est qu’avec un certain effort et exercice qu’on peut diriger son attention sur des objets qu’on ne fixe pas. — Le déplacement de l’image rétinienne nous fournit une mesure beaucoup plus sûre du mouvement des objets extérieurs que le mouvement de notre œil lui-même ; c’est ce que prouve ce fait que des mouvements très lents d’un point qui se meut dans l’obscurité ne sont pas perçus, tandis qu’ils le deviennent aussitôt qu’on peut fixer un point de repère immobile. — La persistance des excitations rétiniennes joue aussi un grand rôle dans notre perception des mouvements extérieurs. Pour percevoir comme continu le mouvement entre une position initiale A et finale B d’un objet, nous devons avoir la représentation que les positions intermédiaires ont été réellement parcourues. Si le mouvement est trop rapide, ses diverses phases peuvent ne donner lieu à aucune perception nette ; s’il est trop lent, le mélange des impressions nouvelles avec ce qui persiste de celles qui ont précédé peut être troublé. On se convainc aisément de l’influence