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a été de 1 h. 10 à 1 h. 25. Elle était allée faire une visite, et elle n’a rien ressenti dans le cours de cette visite, que le soir à 4 h. À partir de ce jour je tire au sort le jour et l’heure, et je m’abstiens de voir Léonie jusqu’au 22 janvier, 9 heures du soir.

La cinquième expérience est du 19 janvier, de 3 h. 55 à 4 h. 10.

Sixième expérience, 21 janvier, de 3 h. à 3 h. 10.

Septième expérience, 23 janvier, de 1 h. à 1 h. 30.

Interrogée par moi le 23 janvier au soir, elle me dit qu’elle n’a ressenti aucun effet le 19 janvier. Le 20 janvier, elle dit avoir senti un effet à 9 h. 30 du matin. Le 21 janvier à 3 h. 30 ; rien le 22 et le 23 janvier.

En résumant ces diverses expériences, nous voyons que, sans être plus satisfaisantes que celles de la première série de janvier 1887, elles ont cependant, par suite de la rigueur avec laquelle elles ont été faites, quelque intérêt.

Trois fois il y a eu succès incomplet, dans les expériences du 12, du 15 et du 21 janvier. Ainsi, sur 7 expériences, il y a eu trois demi-succès et quatre insuccès incomplets.

Sur Léontine D…, jeune femme qui est atteinte de grande hystérie, bien caractérisée par paraplégies transitoires, hémi-anesthésie, et aptitude à des contractures spontanées, je n’ai pu faire encore que deux expériences d’action à distance. L’une d’elles est tout à fait remarquable et meilleure que toutes celles que j’ai faites sur Léonie. Comme Léontine ne demeure pas à Paris, je ne peux guère la voir qu’une fois par semaine. Le mardi 17 janvier (après qu’elle a été magnétisée 4 fois par moi) je lui dis que du mardi 17 au mardi 24 janvier, j’essayerai de l’endormir à distance. Chez moi, le mercredi 18, en même temps que j’essaye d’agir sur Léonie, j’essaye d’agir sur Léontine de 1 h. 10 à 1 h. 25 (l’heure a été tirée au sort le mercredi matin, et ce n’est qu’alors que je pense à agir sur Léontine). Par conséquent je n’ai pu lui donner aucune indication la veille, quand je lui ai dit que je chercherais pendant la semaine à l’endormir à distance. Le mardi 24, la sœur de Léontine me dit que Léontine s’est endormie le mercredi 18, en déjeunant à 1 h., 1 h. 10 ; plutôt 1 h. 10 que 1 heure, d’après la sœur de Léontine, plutôt 1 h. que 1 h. 10 d’après Léontine. — Or je ne me souvenais plus du jour ; mais je l’avais inscrit dans mes notes, et c’est avec une vraie satisfaction qu’en rentrant chez moi j’ai vu que c’était en effet le mercredi 18 à 1 h. 10, que j’avais essayé d’agir. — Une seconde expérience faite dans la semaine du mardi 24 au mardi 31 janvier a échoué.

Cette expérience faite sur Léontine D… est tout à fait importante, et si elle avait été faite plusieurs fois de suite avec le même succès, elle entrainerait la certitude. Je poursuis ces recherches. Elles ont ce grave inconvénient que, si l’on échoue plusieurs fois de suite, ce qui ne peut manquer de survenir, on est tenté de croire qu’on a, pour l’expérience qui a réussi, expérimenté maladroitement, ou que la coïncidence observée est due au hasard.

Ch. Richet.