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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Azam. — le caractère dans la santé et dans la maladie. — vol. cap grand in-8o » de viii-219 pages. Paris, Alcan, 1887.

Le Dr Azam, bien connu par ses belles observations sur le somnambulisme naturel et artificiel, continue à s’intéresser aux problèmes les moins rebattus de la psychologie physiologique et même de la psychologie proprement dite. Il vient de nous donner un ouvrage sur le caractère, c’est-à-dire sur un des sujets les plus intéressants et pourtant un des moins traités jusqu’à ce jour parmi ceux qui rentrent dans le cadre de la psychologie. Les psychologues philosophes ont abandonné jusqu’à présent les problèmes qui concernent le caractère aux moralistes ; or on sait que l’on entend communément par moralistes des psychologues peu profonds, peu méthodiques, qui effleurent les questions, les résolvent souvent par des antithèses ou des jeux de mots, et qui croient avoir rempli leur tâche quand ils ont, par des sentences plus brillantes que claires, éveillé l’admiration esthétique des connaisseurs en littérature. Seuls parmi les philosophes, Bain et Bahnsen ont écrit des ouvrages sur le caractère ; mais, selon M. Ribot, qui s^ connaît, ils ne paraissent avoir ni l’un ni l’autre fondé la science du caractère sur des bases solides. La méthode à employer en cette matière est encore à trouver.

M. Azam n’a pas eu la prétention de nous donner une psychologie régulière du caractère, une théorie fondée sur des principes et procédant avec rigueur, aboutissant à la classification et à l’explication méthodiques des faits innombrables qui sont relatifs au caractère. Son but a été plus modeste ; réunissant tous les faits que lui fournissait son expérience d’homme et de médecin, il les a groupés dans un plan un peu indécis, et il s’est appliqué à en signaler les rapports les plus évidents ; il a voulu nous donner une contribution à l’étude du caractère et attirer sur cette question trop négligée l’attention des psychologues. Que le but ainsi défini ait été pleinement atteint, on ne peut en douter. N’hésitons pas à le dire : la psychologie philosophique du caractère reste à faire ; mais elle est désormais bien mieux préparée ; celui qui la tentera devra sans cesse avoir sous les yeux l’esquisse de M. Azam ; elle lui suggérera beaucoup d’idées, et il devra fréquemment y recourir pour y puiser soit des faits, soit des analyses, soit des indications précieuses. M. Ribot, dans une excellente préface, a essayé de montrer ce que pouvait être cette œuvre