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REVUE GÉNÉRALE.penjon. Psychologie d’Aristote

abstraction, cet oubli sont-ils possibles en psychologie ? La psychologie peut-elle se réduire à une étude scientifique, c’est-à-dire purement objective, des faits ? Ce ne serait, il me semble, qu’au prix d’un effort d’esprit en quelque sorte contradictoire. Le psychologue devrait se mettre à la torture pour rester fidèle à cet étrange parti pris. Sans doute, la psychologie rationnelle, identique à la philosophie première que je viens d’esquisser, ne supposerait pas un parti pris moins violent, si l’on prétendait en faire la psychologie tout entière. Cette métaphysique, isolée par hypothèse, réduite à elle-même, serait bientôt dite, ou ses partisans s’exposeraient au reproche qu’Aristote faisait déjà au pur métaphysicien, celui de parler pour ne rien dire (κενολέγειν). L’auteur du premier essai régulier de psychologie, dans cette fraîcheur d’une époque où l’étude de l’homme n’avait pas encore été obscurcie par de trop nombreuses contradictions, nous a indiqué la marche à suivre unir la psychologie rationnelle à la psychologie empirique, celle-ci cessant, par cela même, d’être empirique. En un mot, rien de mieux que toutes ces recherches scientifiques, que toutes ces observations biologiques et pathologiques, pourvu que les résultats en soient constamment transposés, en quelque sorte, grâce à la reconnaissance de la véritable cause qui les produit : l’acte de penser, qui est, à la fois, suivant le point de vue où l’on se place, raison et volonté.

A. Penjon.