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Il commence par une rapide exposition du système nerveux, de ses fonctions et de ses rapports avec l’esprit. L’auteur insiste sur ce dernier point, et avec raison : car il ne suffit pas d’insérer dans son texte quelques figures du cerveau ou de la moelle épinière à titre d’ornements. Si l’on ne s’en sert pas, si l’on ne part pas de la physiologie nerveuse pour y rattacher les études psychologiques, tout ce luxe est inutile et trompeur.

Le chapitre deuxième, intitulé « Étude statique de l’esprit », forme à lui seul presque la moitié de l’ouvrage. Il contient l’étude détaillée de l’intelligence, de la sensibilité et de la volonté. L’auteur a donné (p. 99) une classification des émotions qui lui est propre et que nous signalons au moins comme ingénieuse.

Jusqu’ici, nous sommes d’accord avec M. Paulhan sur l’ordre qu’il fallait suivre. Mais son chapitre quatrième[1], auquel il a donné un titre très heureux, « L’organisation de l’esprit, » et qui étudie la mémoire, l’habitude, l’hérédité et l’instinct, aurait dû former le troisième chapitre. Il aurait dû y comprendre son étude sur l’association des états de conscience, qui se trouve ailleurs.

J’aurais souhaité de plus qu’il eût placé à titre de conclusion, dans un chapitre spécial, quelques pages sur la personnalité. Je sais combien il est difficile de parler du moi, sans tomber dans la métaphysique ; mais je suis persuadé que l’auteur est capable de le faire et je crois que, dans un traité populaire, il est désirable d’expliquer, dans la mesure du possible, comment et pourquoi chacun de nous se croit une personne.

Le chapitre troisième, « Étude dynamique de l’esprit », aurait formé, dans le plan tel que nous le concevons, la dernière partie du volume. Sous ce titre, l’auteur a compris les actions et réactions désignées d’ordinaire par l’expression des « rapports du physique et du moral ». Cette expression est vague et, à la serrer de près, inexacte. Peut-être cependant eût-elle été préférable pour l’exposition. L’exposition donnée par l’auteur aurait suffisamment montré qu’il ne s’agit pas là de deux substances, le corps et l’âme, agissant l’une sur l’autre, suivant les vieilles théories métaphysiques.

En somme, notre critique ne porte que sur une partie du plan, sur une question de forme. Quant au fond, nous sommes complètement d’accord avec M. Paulhan. Il a donné tout le nécessaire, rien que le nécessaire : en un si petit volume, il était difficile d’être plus substantiel. Dans sa conclusion, il a montré comment la physiologie de l’esprit se rattache à la philosophie, ainsi que toute autre science particulière, mais sans en faire partie, et il a indiqué rapidement les problèmes qu’elles soulèvent, sans avoir qualité pour les résoudre.

Th. R.
  1. Une erreur typographique désigne partout ce chapitre par la lettre V ; en réalité, il est le quatrième.