Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome IX, 1880.djvu/260

Cette page n’a pas encore été corrigée
250
revue philosophique

dans la théorie expérimentale. L’observation par le moyen de la mémoire de la succession des faits psychiques révèle les différents états de la vie mentale, mais elle ne met pas en lumière le nexus qui fait que ces états deviennent consécutifs. En réalité, ce n’est qu’après avoir observé un état mental comme un fait accompli que les antécédents volontaires qui lui donnent naissance apparaissent invariablement unis avec les conséquents, et c’est seulement quand la séquence est formée que lesSanneaux, qui ont été librement choisis, acquièrent un caractère d’indissolubilité »

M. Barzellotti conclut justement que, sur la question de la liberté, le positivisme anglais aboutit à une négation implicite de la conscience. Après l’avoir admise comme instrument légitime d’investigation scientifique, il méconnaît son témoignage, qui, dans son intégrité vivante, atteste la liberté comme un fait d’intuition directe et immédiate.

Nous ne ferons qu’indiquer très brièvement le sujet des deux autres parties dont se compose l’ouvrage de M. Barzellotti. Dans la seconde, il critique la théorie du positivisme contemporain sur la fin morale ou le bien. Il la ramène à la morale inductive ou utilitaire. Il marque le développement progressif de cette doctrine en Angleterre depuis Hobbes jusqu’à H. Spencer, en passant par Bentham et Stuart Mill. Il attribue à la nécessité de résoudre les objections dirigées par les moralistes de l’école intuitive (Cudworth, Clarke, Butler) contre le principe égoïste de Hobbes et de Mandeville, l’effort par lequel l’école utilitaire s’est élevée peu à peu au point de vue désintéressé de la sympathie et du bonheur général. Il signale le rôle important de la théorie associationiste (Hartley) dans cette évolution, et conclut en montrant que le positivisme n’explique d’une manière satisfaisante ni la genèse de la conscience morale, ni les idées du juste et de l’obligation morale absolue. Toute cette partie de l’ouvrage semblera un peu superficielle, après les travaux étendus dont l’utilitarisme a été l’objet en France dans ces dernières années.

Dans la troisième partie, M. Barzellotti trace à grands traits l’histoire des doctrines positivistes en France, en Angleterre et en Italie pendant la première partie de ce siècle. En Italie, la tradition expérimentale de Galilée et de Vico, reprise au commencement du xixe siècle par Gioza, Genovesi, Galuppi, continuée par Bosmini, Gioberti, Mamiani et quelques autres, n’aboutit pas à un véritable système de philosophie, pour des raisons que l’auteur cherche principalement dans les circonstances politiques. En France, Comte prend son point de départ dans la critique de Kant ; mais, disciple des sensualiste9 et matérialistes français du xviiie siècle, il ne voit dans les phénomènes que des éléments empiriques, se rapprochant ainsi de Locke et de Hume. En Angleterre enfin, où le positivisme a produit les meilleurs fruits, on a vu à quelles conséquences négatives conduit une application insuffisante de la méthode expérimentale inaugurée par Bacon.

L’élimination de toute idée de cause et de tout principe absolu, par