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analyses. — véra. Problema dell' Assoluto.

faits, pour ainsi dire, et ensuite se vante de les avoir produits. Mais « si l’homme, la plante, l’animal, etc., en eux-mêmes et dans leurs relations, peuvent être quant à leur nature intrinsèque autres qu’ils ne sont, cette seule possibilité détruit la possibilité de toute démonstration, de toute raison, de toute vérité et de toute connaissance, et ne laisse subsister qu’une possibilité indéfinie de toute existence, de toute relation et de toute transformation : tout est dans tout, c’est le chaos. » Il faut que le principe contienne ce qui sort de lui, d’une manière nécessaire, sans quoi tout marche au hasard, et les formes vivantes, réduites à l’état de purs accidents, cessent d’être objets de science.

Allons plus loin et supposons le type originaire comme le demande la théorie, avec ses déterminations natives, sa puissance de développement déjà spécialisée à certains effets. Ce type engendre, et il engendre des individus dissemblables, c’est-à-dire, ayant des qualités diverses. La sélection va se mettre à l’œuvre pour agir sur ces qualités. Mais d’abord, pourquoi la génération ? comment se produit-elle ? qu’est-elle en elle-même ? Le transformisme ne s’en soucie point. De minimis non curat prœtor ! En second lieu le type engendre sans le secours de la sélection, puisque celle-ci se borne à agir sur ses produits ? Passons. Qu’engendre-t-il ? Des individus, nous répond-on. Mais pourquoi pas des espèces ? On se récrie à cette question ; la nature ne produit jamais que des individus. La question n’est point d’un ignorant, car si la nature ne nous offre à voir, à toucher avec les sens que des individus, l’esprit sait découvrir dans ces individus le genre auquel ils appartiennent. Il n’y a pas d’individus sans espèce : « Les qualités distinctives de ces individus sont ou des éléments variables, passagers, accidentels, ou des qualités générales, essentielles, spécifiques. Si ce sont des qualités spécifiques, l’espèce existe déjà virtuellement dans l’individu. Et cette virtualité que contient déjà la nouvelle espèce, cette virtualité selon laquelle doit se produire la transformation, sans laquelle il n’y aurait pas de transformation, la sélection naturelle la trouve devant elle, existant antérieurement à elle et sans son secours. Si au contraire ce sont des qualités accidentelles, les espèces… ne sont plus qu’un composé d’accidents. » Et c’est en effet ce qu’elles sont le plus souvent dans la théorie. La Gastrea devient ver en rampant sur le sol de telle et telle façon. Si elle eût rampé autrement, elle fût devenue toute autre chose, ou rien. Le mâle se distingue de la femelle par certains attributs esthétiques, qu’il a revêtus poussé par le désir de plaire à celle-ci. Mais pourquoi y a-t-il un mâle et une femelle ? Pourquoi, puisque les sexes sont séparés, est-il nécessaire qu’ils manifestent de tels phénomènes dans leurs rapports ? On répond : parce que les mâles sont plus nombreux que les femelles et que chacun fait ce qu’il peut pour conquérir la sienne, de gré ou de force. C’est là un bien faible fondement pour un si vaste édifice.

Le fait est douteux : probable chez certaines espèces, il a été nié avec vraisemblance chez d’autres. Dans quelques-unes c’est le fait con-