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HERBERT SPENCER. — PSYCHOLOGIE COMPARÉE DE L’HOMME

mands. M. Alphonse de Candolle, dans son Histoire des sciences et des savants depuis deux siècles démontre que les descendants des réfugiés français en Suisse, ont produit une proportion considérable de savants. Bien que ce résultat puisse être attribué en partie à la nature originelle de ces réfugiés qui devaient posséder cette indépendance de caractère qui est un des principaux facteurs de l’originalité, il est cependant probable qu’il est dû en partie au mélange des races. Nous avons d’ailleurs des preuves indéniables qui nous autorisent à parler ainsi. Le professeur Morley attire l’attention sur ce fait que pendant sept siècles de l’histoire de l’Angleterre, les plus grands génies de ce pays ont vu le jour dans les districts où s’est effectué le mélange des Celtes et des Anglo-saxons. M. Galton démontre aussi dans son ouvrage sur les « Savants de l’Angleterre » que les hommes les plus éminents par leur science viennent presque tous d’un district intérieur s’étendant du nord au sud, où on peut raisonnablement supposer que se trouve plus de sang mêlé que dans les régions situées à l’est et à l’ouest de cette ligne centrale. Semblable résultat semble, d’ailleurs, probable. A priori deux natures, respectivement adaptées à des conditions sociales légèrement différentes, doivent par leur union produire une nature un peu plus plastique que ne l’était chacune d’elles prise séparément, une nature qui se plie plus facilement aux circonstances nouvelles d’une vie sociale en progrès et par conséquent plus apte à enfanter de nouvelles idées et à contribuer au développement de nouveaux sentiments. La psychologie comparée de l’homme peut donc à juste titre embrasser les effets que produisent sur l’intelligence les mélanges de races, et parmi les recherches corollaires, on peut se poser cette question : Jusqu’à quel point la conquête d’une race par une autre a-t-elle contribué aux progrès de la civilisation, soit en amenant le mélange, soit par d’autres moyens ?


II.


La seconde des trois divisions principales que nous avons indiquées au commencement de ce travail est moins étendue. Cependant, on peut soulever des questions fort intéressantes et fort importantes au point de vue de la nature mentale relative des sexes dans chaque race.

Degré de différence entre les sexes. — Il est aujourd’hui démontré que le contraste entre les mâles et les femelles, au point de vue es-