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passe à côté de celles d’un ordre élevé sans même les reconnaître. Il s’intéresse aux individus, aux aventures personnelles, aux affaires domestiques ; mais il ne ressent aucun intérêt pour les choses de la politique ou pour les questions sociales. Il tire vanité de ses vêtements, de ses petits succès, mais il ne possède pas ou ne possède qu’à un degré bien faible le sens du droit pour le droit. En un mot, bien que chez les enfants, les manifestations mentales les plus simples commencent à se faire jour, elles n’ont pas encore atteint ce degré de complication qui résulte de l’accumulation des manifestations plus simples. Des différences analogues de complexité existent entre l’intelligence des races inférieures et celle des races élevées, et il serait utile de les comparer de manière à reconnaître la nature et le degré de ces différences. Là aussi on peut établir une subdivision. (a) Quel est le rapport entre la complexité mentale et le volume mental ? Ne sont-ils pas l’un et l’autre sujets aux mêmes variations ? (b) Quel est le rapport avec l’état social, considéré à un point de vue plus ou moins complexe ? c’est-à-dire : la complexité mentale et la complexité sociale n’agissent-elles pas et ne réagissent-elles pas l’une sur l’autre ?

Degré de développement mental. — Conformément à la loi biologique d’après laquelle plus les organismes sont parfaits, plus longtemps ils mettent à se développer, on peut s’attendre à ce que l’évolution mentale se complète plus rapidement chez les membres des races humaines inférieures que chez les membres des races supérieures. Or, nous avons la preuve qu’il en est ainsi. Les voyageurs, quelles que soient les contrées qu’ils aient visitées, appellent l’attention, tantôt sur la grande précocité des enfants chez les peuples sauvages ou à demi-civilisés, tantôt sur l’arrêt soudain de leur progrès mental. Bien que nous ayons des preuves plus que suffisantes pour établir l’existence de ce contraste général, on peut cependant se demander si ce contraste existe dans les mêmes proportions relatives chez toutes les races, depuis la plus infime jusqu’à la plus élevée, — si, par exemple l’Australien diffère autant de l’Hindou sous ce rapport que l’Hindou diffère de l’Européen. Ce dernier point nous fournit matière à plusieurs questions secondaires au nombre desquelles on pourrait citer les suivantes : (a) Cette évolution plus rapide et cet arrêt plus précoce se produisent-ils toujours inégalement chez les individus des deux sexes ; ou, en autres termes, existe-t-il chez les types inférieurs des différences proportionnelles dans la somme et dans le degré du développement, telles qu’il en existe chez les types plus élevés ? (b) Remarque-t-on dans beaucoup de cas, un rapport entre le moment de l’arrêt de développement et