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HERBERT SPENCER. — PSYCHOLOGIE COMPARÉE DE L’HOMME

exerce peu d’influence sur ceux qui les entourent ; d’autres, au contraire, font une profonde impression sur ceux qui les écoutent, même quand ils débitent des lieux communs. La comparaison entre deux individus ainsi doués prouve nettement, qu’en général, la différence provient du langage naturel des émotions. Derrière la vivacité intellectuelle de l’un, on ne sent aucune force de caractère, tandis que l’on remarque chez l’autre une impulsion capable de vaincre toute opposition, — une puissance d’émotion qui a en elle quelque chose de formidable.

Évidemment les variétés de l’espèce humaine diffèrent beaucoup au point de vue de ce caractère. Les variétés humaines diffèrent sous le rapport de la quantité du sentiment autant que sous le rapport de la nature du sentiment. Les races supérieures dominent les races inférieures principalement en vertu de la plus grande quantité d’énergie par laquelle s’affirme un plus grand volume mental. De là une série de questions dont voici quelques-unes : (a) Quel est le rapport entre le volume mental et le volume corporel ? Évidemment les petites races ont une infériorité sous ce rapport. Mais il semble aussi que chez des races qui se ressemblent beaucoup au point de vue de la taille, — les Anglais et les Dammarahs par exemple, — le volume mental est tout différent. (b) Quel est le rapport du volume mental avec le volume du cerveau ? Et, en ayant soin de nous rappeler la loi générale que, chez la même espèce le volume du cerveau augmente avec le volume du corps (quoique pas dans la même proportion), jusqu’à quel point pouvons-nous relier le surplus du volume mental de la race supérieure à un surplus du volume cérébral, au-delà de ce qui est propre à leur masse corporelle plus considérable ? (c) Quel rapport y a-t-il, en admettant qu’il y en ait un, entre le volume mental et l’état physiologique indiqué par la vigueur de la circulation et la richesse du sang, conditions déterminées par le mode de vie et l’alimentation générale ? (d) Quels sont les rapports de ce caractère avec l’état social, c’est-à-dire avec un état de société où règne soit le pillage, soit l’industrie, selon que le peuple est nomade ou agriculteur.

Complexité mentale. — On comprendra les différences qui existent entre les races selon que la structure de leur cerveau est plus ou moins développée, si l’on se rappelle quelles sont au milieu de nous les dissemblances entre l’intelligence d’un enfant et celle d’un homme fait, dissemblances qui représentent si bien la différence existant entre l’intelligence des sauvages et celle des hommes civilisés. Nous voyons l’enfant s’absorber dans les faits spéciaux. C’est à peine s’il peut embrasser les généralités les plus simples, et il