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veille du triomphe des théories transformistes, se prononce en faveur de la fixité et de l’éternité des espèces. — On comprend sans peine les objections que Lotze dirigea surtout contre l’explication purement matérialiste des qualités sensibles et de la conscience. Czolbe comprit la nécessité d’apporter une modification à sa doctrine, et dans sa réponse à son adversaire (Origine de la conscience de soi, 1856, Entstehung des Selbstbewusstseins) il fait pressentir la forme nouvelle sous laquelle son naturalisme se présentera dans le second de ses grands ouvrages.

On reconnaît dans ce dernier l’influence de Kant, de Schopenhauer, Hegel et des autres philosophes. Czolbe admet maintenant une âme du monde, partout répandue et associée à la matière. Le mécanisme matériel et le mécanisme spirituel se correspondent. Les sensations ne viennent plus directement de la matière ; mais, sous l’action du mécanisme cérébral, l’âme du monde qui les porte inconsciemment et éternellement dans son sein, les produit à la lumière de la conscience. La conscience n’est que le résultat d’un trouble provoqué dans l’équilibre des sensations ou des idées de cette âme inconsciente par les vibrations de la matière cérébrale.

C’est le panthéisme naturaliste de Spinoza qui semble dominer la pensée de Czolbe dans son dernier livre. L’espace infini est la suprême réalité, le fondement de tout le reste, le réceptacle de tous les attributs et de tous les modes. — Mais l’espace, pour Czolbe, comme pour Fechner et Kirchmann, a quatre dimensions, le temps n’étant qu’une propriété des corps et par suite de l’espace. Chaque partie de l’espace possède le double attribut de l’atomicité et de la sensibilité. Nous retrouvons dans tout cela la substance de Spinoza avec ses deux attributs, la pensée et l’étendue.

Le principe de la morale de Czolbe est conforme à l’esprit de son naturalisme : la sagesse consiste « à être absolument content de la réalité sensible », à croire que le monde est fait pour la félicité des êtres sensibles.

Revue annuelle des productions philosophiques de l’année 1815.
1o histoire de la philosophie.

L’année 1875 n’a pas vu paraître en Allemagne d’histoire générale nouvelle de la philosophie. Mais quelques histoires connues ont été réimprimées. Ainsi la 3e partie de l’Esquisse de l’histoire de la philosophie d’Ueberweg a été améliorée et augmentée dans une 4e édition par Reicke (Berlin, chez Mittler), et l’on annonce l’apparition prochaine du 1er volume d’une Ve édition du même ouvrage, par Heinze, à Leipzig.

La 9e édition de l’histoire résumée de la philosophie, par Schwegler, a paru à Stultgard chez Conradi.

Enfin une 2e édition du Manuel de l’Histoire de la philosophie de Stöckl a été publiée chez Kirchheim, à Mayence.