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horwicz. — développement de la volonté.

drés par la pensée ; car nous nous occupons uniquement de la phase du développement de nos désirs simples, élémentaires. Nous en dirons autant des sentiments moraux qui soumettent à leur approbation ou désapprobation nos désirs et nos actions et qui doivent également leur origine à un développement plus élevé, que celui qui fait l’objet de nos considérations actuelles.

III. — Réflexion — Tendance — Aspiration.

Les désirs aussi sont encore multiples, comme nous l’avons déjà dit, et d’espèces très-variées. Mais chacun d’eux a naturellement une certaine tendance à la suprématie. Les désirs s’accordent mal entre eux ; plus les uns sont forts, plus les autres sont nécessairement faibles. On a beaucoup discuté sur l’unité et la simplicité de l’âme. On peut se l’expliquer d’une façon toute réaliste, toute mécanique, si on se figure l’organisme tout simplement comme une somme de forces disponibles (en tension), comme une réserve de travail. Il est clair que plus vous enlevez de cette réserve à une extrémité, moins il en restera à l’autre, que plus le nombre par lequel vous divisez le tout est grand, plus le quotient qui reviendra à chaque part doit être petit. Notre système nerveux composé des nerfs périphériques et des organes centraux, grand sympathique, moelle épinière, moelle allongée, cervelet et cerveau, a un double emploi. D’abord il prépare d’une façon complète et rend disponibles des forces de tension accumulées dans l’organisme, en vertu du caractère très-complexe des affinités chimiques et par suite de la grande combustibilité de la masse nerveuse. En second lieu, il doit mettre toutes les parties en relation entre elles, créer un système de coordination générale et réciproque, parfaitement développé, particulièrement dans les organes centraux supérieurs et surtout dans les hémisphères du cerveau. Le système nerveux représente donc le champ de bataille et le magasin général de munitions et de provisions des désirs. Plus la sensation primordiale est forte et intense, plus le mouvement de réaction est devenu, grâce à l’exercice et à l’habitude, sûr et familier, plus le désir dominant étend facilement son empire dans un grand rayon, accapare et soumet à son seul usage les moyens d’action déposés dans le magasin général des réserves. Plus le succès a été fréquent et complet, plus les forces de tension accumulées dans l’organisme ont été conséquemment employées à agir dans cette seule direction déterminée,