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léon dumont.de l’habitude

citation seule qui augmente l’organe et que cette augmentation provoque ensuite un afflux du sang. De plus, ce n’est pas, selon nous, la permanence d’un excès de vascularité qui maintient l’accroissement après l’exercice accompli ; c’est, au contraire, le maintien de l’accroissement de l’organe qui entretient l’hypérémie.

Que se produit-il en effet dans un organe sous l’influence d’une excitation ? Un accroissement de mouvement, un écartement des molécules, une augmentation de volume, en un mot une dilatation semblable à celle qui est produite par la chaleur. La force surajoutée à l’organe lui donne le moyen de triompher dans une certaine mesure de la résistance et de la pression exercée par les organes voisins. Cette dilatation et cette diminution de pression suffisent pour expliquer l’hypérémie locale ; le sang afflue de lui-même en plus grande quantité entre les éléments des tissus. Quand l’augmentation de l’organe persiste, il n’y a pas de raison pour que l’augmentation de vascularité ne persiste point également, dans la mesure du moins de ce qui reste d’accroissement. Car il est bon de faire observer qu’après un travail supplémentaire, l’organe ne conserve pas, lorsque l’excitation cesse, toute la quantité d’accroissement qu’il avait pendant l’exercice, mais seulement une partie.

Mais d’où vient que cette partie plus ou moins considérable d’accroissement subsiste après l’excitation ? C’est, nous l’avons dit, en vertu de l’inertie, et non-seulement de l’inertie de la conformation de l’organe, mais aussi de l’inertie de la nutrition. Car nous avons déjà expliqué comment le mouvement d’assimilation et de désassimilation, une fois commencé, continue avec la même vitesse et suivant la même forme, jusqu’à ce qu’il soit troublé par une cause quelconque.

D’où vient enfin la mesure suivant laquelle un accroissement subsiste ? Elle dépend, selon nous, de la quantité de force qui, dans l’excitation, a été employée à modifier l’adaptation des organes voisins, de telle façon qu’ils ne réagissent plus de la même manière sur l’organe qui a été accru et exercé. Si cette réaction n’a plus assez de force pour détruire dans l’organe l’augmentation de mouvement produite par l’excitation, on comprend que cette dernière subsiste et qu’elle subsiste en raison inverse de la réaction.

Il est facile maintenant de déterminer les conditions nécessaires pour qu’une habitude s’établisse. Car ce que nous venons de dire des changements de quantité s’applique également aux changements qualitatifs qui ne sont, en somme, que des changements de complexité. Il y a les conditions d’excitation, qui sont essentiellement positives, et les conditions de nutrition, qu’on peut considérer comme négatives.