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Th. ribot.durée des actes psychiques

tion, 3° l’entrée dans le point visuel de la conscience ou aperception, 4° le temps nécessaire à la volition, 5° la transmission par les nerfs aux muscles.

On peut considérer le premier et le dernier de ces éléments comme purement physiologiques. Quant aux trois autres, ils sont d’une nature psychophysique. Nous avons beaucoup de raisons, dit M. Wundt, de croire que l’impression qui agit avec une force suffisante sur les parties centrales, entre par là même dans le champ visuel de la conscience. Il faut un effort particulier, que nous sentons intérieurement, pour nous rendre attentifs à cette impression et c’est par là que nous distinguons l’aperception de la perception pure et simple. La durée de la perception se trouve ainsi comprise dans la durée de la transmission sensorielle : elle est à la fois le dernier acte du fait physiologique et le premier acte du fait psychologique. Par durée de la perception, il faut donc entendre à la fois le temps nécessaire pour exciter les centres nerveux sensoriels et le temps nécessaire pour faire entrer l’impression dans le champ de la conscience.

D’un autre côté, le temps consacré à la volition se confond de même avec le temps de l’excitation motrice ou centrifuge. Il est contraire aux faits d’admettre un acte de volition qui serait complétement achevé avant que l’excitation motrice des centres nerveux puisse commencer. Du moins, le sens intime nous donne ces deux faits comme simultanés.

Ainsi l’excitation de centres sensitifs et la perception, l’excitation des centres moteurs et la volition, nous sont données, chacune, comme un fait psychophysique. Reste un dernier élément : l’aperception que l’on serait tenté d’admettre d’abord comme un fait purement psychologique. Il n’en est rien. Sans s’arrêter à examiner les diverses hypothèses qui peuvent être faites sur la nature de cet état, il est certain qu’il est toujours accompagné d’un sentiment de tension ou d’effort qui a nécessairement une base physiologique, qui est un fait d’innervation centrale. Dans beaucoup de cas, on ne peut pas distinguer sûrement, quant à la durée, l’aperception de la volition. On peut donc les comprendre sous la dénomination commune de durée de la réaction, puisque toutes deux consistent en une réaction centrale contre les perceptions qui entrent dans la conscience.

En résumé donc, le temps physiologique est finalement décomposé en deux faits physiologiques — la transmission sensitive, la transmission motrice — et deux faits psychophysiques — la durée de la perception, la durée de la réaction. Le temps de la transmission est connu. Quant à la durée des deux actes internes, elle est