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de la cause du spiritualisme, qu’il défend. — L’auteur de l’article de l’Allgemeine Zeitung dit que pour Baer « le comment de la subordination de la matière à la domination de l’esprit était encore un secret ; mais que le fait lui-même ne comportait pas le moindre doute. » Baer inclina quelque temps à une sorte de panthéisme. Il concevait volontiers l’absolu, comme un esprit, Weltgeist, engagé dans le processus du développement universel. C’était là pour lui toutefois une question ouverte, non résolue, ou même incapable de l’être démonstrativement. Mais, s’empresse d’ajouter Fichte, le discours d’Engelhardt autorise à penser que Baer alla plus loin, et sortit de ce doute. Citons les paroles mêmes que le collègue de Baer prononça sur sa tombe : « Il portait la foi en Dieu dans son cœur. Fermement résolu à ne pas mêler la foi en Dieu aux investigations de la science proprement dite, il n’était pas moins décidé à ne pas s’en laisser dépouiller par les prétendues démonstrations d’une certaine science… La personnalité de Dieu, la liberté et la conscience de l’esprit créateur, tels sont les sujets traités dans le livre qu’il lisait dans les derniers jours de sa vie (le livre de J. H. Fichte : Questions et doutes, adressé au professeur Zeller. Leipzig, 1876). Il reconnaissait que depuis des années, aucun livre n’avait produit sur lui une aussi forte impression. »

Théodor de Varnbüler : Analyse et synthèse.

Le mathématicien Théodore de Varnbüler présente, à l’occasion d’un précédent article de Schlœmilch, des considérations souvent ingénieuses, parfois subtiles et discutables sur le rôle de l’analyse et de la synthèse dans les diverses espèces de jugements. Il en tire surtout cette conclusion que le langage philosophique est encore loin de la précision du langage mathématique. Ainsi le mot conscience n’a pas encore été l’objet d’une bonne définition. Il faudrait, suivant Varnbüler, ramener la conscience à ses éléments. On ne sera en état d’en essayer la définition, que lorsqu’on saura répondre à cette question : « Quel est le minimum de ce qui est nécessaire pour que l’être d’un point se distingue de celui d’un autre point ? »

comptes-rendus :

Albert Wigand : Le Darwinisme et la science de la nature chez Newton et chez Cuvier. 2e et 3e vol. (Brunswick, Vieweg et John. 1876-1877).

Le second volume de cet important ouvrage, si riche de faits et d’idées, où l’on peut dire que la critique du Darwinisme est épuisée, examine surtout les conséquences philosophiques, qu’ont essayé d’en tirer et de faire triompher les chefs de cette doctrine. Les contradictions des principaux représentants de l’école prouvent surabondamment que le Credo philosophique des Darwiniens est loin encore d’être arrêté. Tandis que, chez Darwin, un fond de théisme persiste, nous rencontrons chez Haeckel un panthéisme voisin de celui de Schelling