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Straszewskila psychologie est-elle une science ?

fait de psychologie toutes les dissections possibles du cerveau de ce malade après sa mort ? Il y trouverait certainement bien des choses instructives en fait de physiologie et d’anatomie, mais il n’en retirerait aucun avantage pour la psychologie s’il n’avait connu auparavant l’état psychique de cet organisme malade qu’il est en train d’étudier. — Je me souviens d’avoir lu quelque part qu’il s’était formé une association de savants dont chacun s’était engagé à noter ses observations psychologiques sur soi-même, et de faire remettre après sa mort son cerveau à ses collègues afin qu’ils l’étudiassent. L’idée d’une association pareille nous prouve déjà la nécessité de l’observation intérieure en psychologie, puisque les médecins commencent à se convaincre que c’est uniquement par elle que l’étude de la valeur psychologique du cerveau acquiert plus d’importance. Il en résulte que la loi psycho-physique dont l’acquisition aurait été impossible sans l’observation intérieure, est éminemment psychologique, et qui peut nous dire si elle n’est pas également la loi fondamentale de notre vie psychique, si elle n’est pas l’expression la plus vaste des conditions dont dépend peut-être toute distinction ayant lieu dans notre esprit et par conséquent toute variété intérieure ? qui peut nous dire si elle ne deviendra pas un jour la loi directrice dans tout le domaine de la psychologie ?

Il est vrai que les processus psychiques ne se laissent pas dans tous les cas mesurer et formuler mathématiquement. Mais la psychologie est-elle seule dans cette position fâcheuse ? — Tant de sciences naturelles ne sont pas sorties jusqu’à présent de l’état d’expérience, et n’en sortiront pas encore de si tôt ; — la physiologie même ne saurait appliquer à ces recherches la méthode mathématique que dans des cas excessivement rares. Ce qui n’enlève pas aux autres sciences le caractère scientifique, doit-il l’ôter à la psychologie, à cette science qui est même plus avancée que les autres dans l’art de formuler mathématiquement et de mesurer exactement ses lois fondamentales ?

Nous n’avons pas besoin de nous arrêter longtemps encore, après ce qui a été dit, sur le rapport entre la psychologie et la physiologie. Nous ajouterons seulement que la physiologie vient en aide à la première et qu’elle lui fournit principalement les moyens nécessaires au discernement des conditions primitives de la qualité de nos processus psychiques ?

Quoique ces deux sciences s’unissent si étroitement l’une à l’autre, elles n’en sont pas moins complètement différentes, — et si nous parlons de psychologie physiologique, ce n’est que dans le même sens que nous parlons de physique mathématique. Que signifie la psychologie physiologique ? — Cela veut dire une science qui étudie l’origine