Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, IV.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226
revue philosophique

la précision nécessaire en pareil sujet. Avec cet ensemble de faits, ils ont essayé de vérifier et de préciser la localisation des centres qui, dans le cerveau, ont une influence immédiate sur les mouvements des membres.

Le travail est divisé en trois parties.

La première a pour but d’établir qu’aucune lésion située dans les lobes, frontal, sphénoïdal et postérieur ne détermine de phénomènes moteurs (convulsions, paralysies) ; la seconde, que les destructions où les irritations des circonvolutions ascendantes et de quelques parties voisines, se traduisent par des paralysies ou des convulsions.

Le fait le plus important que MM. Charcot et Pitres aient signalé, c’est l’existence de dégénérescences secondaires de la moelle épinière, à la suite de lésions destructives des centres moteurs de l’écorce du cerveau, dégénérescences analogues à celles qui se produisent quand d’autres parties du cerveau dont le rôle moteur n’est contesté par personne, sont le siège d’une désorganisation.

Dans la troisième partie de leur travail, les auteurs donnent la topographie des centres moteurs, chez l’homme, d’après les faits qu’ils relatent : « La zone motrice comprend… le lobule paracentral, les circonvolution frontale et pariétale ascendantes, et peut-être aussi les pieds des circonvolutions frontales. » — « L’étude des paralysies, et des convulsions d’origine corticale démontre que les centres moteurs corticaux, pour les deux membres du côté opposé, sont situés dans le lobule paracentral et dans les deux tiers supérieurs des circonvolutions ascendantes et que les centres pour les mouvements de la partie inférieure de la face sont placés dans le tiers inférieur des circonvolutions ascendantes, au voisinage de la scissure de Sylvius. — Il est très-probable que le centre pour les mouvements du membre supérieur siège dans le tiers moyen de la circonvolution frontale ascendante du côté opposé. — Enfin, on ne connaît pas encore exactement la situation des centres moteurs corticaux pour les mouvements de la nuque, du cou, des yeux, ni des paupières. »


Un cas de dédoublement du moi.

L’observation suivante est rapportée par M. Laveran, professeur agrégé au Val-de-Grâce dans l’Union médicale n° 36, 1877.

« M. S. capitaine, 43 ans, phthisique. L’intelligence est conservée ; mais le malade est tourmenté par une illusion singulière : il croit qu’il est dédoublé en deux personnes. Il voit sans cesse à côté de lui un autre lui-même qui parle, agit, et l’imite dans tout ce qu’il fait. Le malade comprend parfaitement qu’il est le jouet d’une illusion, mais il ne peut pas s’en défendre ; et voici comment il explique l’origine de ce trouble mental : au début de sa maladie, on lui a dit que l’une de ses cordes vocales était atteinte ; plus tard, que l’un des poumons était