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analyses. — hartmann. Erreurs et vérités.

mitée quantitativement dans une direction donnée. Ainsi, depuis 1852 » on n’a pu obtenir aucun développement nouveau dans les dimensions des groseilles à maquereau. « Nous sommes donc nécessairement amenés à considérer la variabilité…, comme une tendance à la variation dans des directions téléologiques déterminées, tendance interne, spontanée, soumise à une loi » (97). Du reste Darwin en reconnaissant lui-même une variabilité spontanée, se rapproche de l’idée d’une évolution interne.

L’hérédité doit fixer la modification utile de la concurrence vitale. Mais l’hérédité, au sens rigoureux, c’est la transmission héréditaire des caractères individuellement acquis. Or, l’expérience montre que l’hérédité des particularités acquises par les individus est une exception, et disparaît avec la première ou la deuxième génération. Il faut donc admettre que la tendance déterminée à la variation qui existe dans une génération agit encore dans la suivante… Mais, dans cette manière de voir, la variabilité et l’hérédité apparaissent comme les moments reliés entre eux du développement de la loi d’évolution interne » (102). Ce ne sont plus des principes d’explication mécanique ; et la sélection naturelle, qui repose sur eux, ne nous donne pas le moyen cherché de nous passer de toute finalité interne.

En résumé les trois principes de la descendance généalogique, du transformisme graduel et de la sélection naturelle ne sont que « des principes auxiliaires d’explication, des expédients techniques, qui aident à l’action du principe de l’évolution interne conformément à un plan ; et leur substratum ou leur sujet doit être une impulsion créatrice d’ordre métaphysique » (111), Du reste, les aveux multipliés de Darwin sur les limites et la nature obscure de ces trois principes (111) montrent assez que le concept mécanique ne suffit pas à l’explication du monde.

Les principes auxiliaires, auxquels Darwin a recours pour corriger l’insuffisance des précédents, sont encore moins mécaniques que ces derniers. Darwin a emprunté à Geoffroy St-Hilaire, qui ramenait à cette cause unique la transformation des êtres, le principe de « l’influence directe des circonstances extérieures sur l’organisme. » Mais la modification des organismes par dés influences extérieures suppose toujours chez les premiers une aptitude préexistante à s’accommoder physiologiquement au milieu extérieur : là encore se manifeste la loi d’évolution interne. Les transformations morphologiques de types ne s’expliqueraient d’ailleurs point par, cette action des milieux.

Le principe fourni par Lamarck, l’influence de l’usage ou du non-usage sur les organes, a été surtout employé par les Darwiniens pour éclairer la formation des organes rudimentaires. Mais le non-usage produit la réduction de volume, non l’altération de forme des organes. Il faut recourir encore ici à une loi d’évolution interne, pour expliquer aussi bien les métamorphoses régressives que les transformations progressives. Le principe de Lamarck rend beaucoup mieux compte