Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, IV.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
revue philosophique

rant : on aurait ainsi autant de lois élémentaires qui, transformées par la méthode de "Weber, donneraient autant de lois différentes de l’action d’une masse électrique en mouvement sur un autre.

Aussi la loi exprimée par la formule (4) a-t-elle été l’objet d’une longue et savante controverse[1]. Elle a pour elle l’avantage d’être la plus simple de toutes celles que l’on pourrait trouver par ce procédé, et de plus elle est en accord avec le principe, aujourd’hui universellement adopté, de la conservation de l’énergie. On sait que ce principe exprime que la quantité de travail qu’un système matériel fini est capable d’exécuter, en supposant que toutes ses parties constituantes arrivent au repos absolu, n’est pas modifiée par les actions réciproques qu’exercent les unes sur les autres les diverses masses dont il se compose. Toutes les lois connues de la physique sont en accord avec ce principe, introduit fort tard en mécanique, il est vrai, et d’origine expérimentale, mais considéré aujourd’hui comme fondamental, même par les mathématiciens.

Nous n’avons pas craint d’insister un peu sur ces points déjà anciens de la théorie de Weber[2], bien que, par leur spécialité et leur caractère exclusivement mathématique, ils puissent sembler bien étrangers à la philosophie. C’est que la loi exprimée par la formule (4), bien plus complexe que la loi newtonienne de la gravitation, entraîne des conséquences si singulières, si intéressantes au point de vue philosophique, qu’on ne saurait trop élucider son origine, avant de passer à l’exposition du système dont elle est la base.


III. D’après la loi de Coulomb, les électricités de nom contraire se repoussent au repos. La loi de Weber diffère de celle de Coulomb par l’introduction d’un facteur dépendant de la vitesse et de l’accélération, et qui, suivant les cas, peut être positif ou négatif. Avec des valeurs suffisamment grandes de la vitesse relative, ce facteur s’annule puis change de signe, c’est-à-dire physiquement, que la force exercée entre deux atomes de même nom peut devenir nulle, ou même se transformer en force attractive. Inversement deux atomes d’électricité de nom contraire peuvent être animées d’une vitesse suffisante pour se repousser au lieu de s’attirer.

Il est très-intéressant de suivre Wilhem Weber dans les développements qu’il donne[3] sur le mouvement dont peuvent être animés deux atomes électriques, sous l’influence de leurs actions réciproques. Il considère d’abord deux atomes de même nom, absolument isolés dans l’espace, et animés primitivement de vitesses quelconques. Suivant les données initiales du mouvement, deux cas bien différents

  1. Cette controverse a été soulevée par Helmholtz, lequel a proposé sous le nom de loi potentielle élémentaire, une loi différente de la loi d’Ampère combattue, théoriquement par MM. Bertrand, Neumann et Riecke, et expérimentalement par Zœllner.
  2. La loi élémentaire de Weber a été proposée en 1846.
  3. Dans un mémoire publié en 1871.