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ANALYSES.a. charpentier. La lumière et les couleurs.

quantité donnée de lumière, de chaleur, etc., est-elle remplacée par une quantité équivalente de l’activité nerveuse appelée sensation ? La question est difficile à résoudre, mais il n’est pas nécessaire qu’elle soit résolue pour que l’on puisse étudier les sensations expérimentalement, comme tant d’autres phénomènes dont la nature intime nous échappe tout aussi bien. En poursuivant au delà de la rétine les transformations de la lumière, on fait encore de la science expérimentale, mais à la condition d’observer certaines précautions spéciales au sujet desquelles nous avons déjà reproduit en commençant cette analyse, quelques lignes de l’auteur.

Pour expérimenter sur les excitations lumineuses, il faut d’abord se rendre compte des parties de la rétine sur lesquelles portent ces excitations. Il faut donc dresser une sorte de carte topographique de la membrane visuelle. Il faut en même temps tenir compte de la vision indirecte produite sous l’influence de l’excitation de parties rétiniennes autres que la fovea centralis ou point de fixation. M. Charpentier décrit les divers moyens de représentation des diverses parties de la rétine et du champ visuel, puis le périmètre, instrument à l’aide duquel on peut exciter la rétine à un endroit déterminé, et retrouver à volonté cet endroit.

Perception lumineuse brute, appréciation des intensités lumineuses, perception des couleurs, sensibilité différentielle simultanée ou successive, acuité visuelle ou distinction des foyers lumineux multiples, telles sont les différentes fonctions élémentaires à analyser. M. Charpentier a été guidé dans ce travail extrêmement délicat par l’idée suivante :

Il y a, pour chacun des actes physiologiques élémentaires que peut produire tel excitant, une valeur déterminée de l’excitation, valeur au-dessous de laquelle l’acte en question n’est plus possible. Cette valeur limite peut servir, non pas à mesurer, mais à caractériser l’acte physiologique produit. Chaque forme comme chaque intensité de la sensation visuelle a pour correspondant extérieur une forme et une intensité données de la lumière excitatrice, et c’est cette correspondance qu’il s’agit d’établir.

Pour cela, il faut d’abord pouvoir régler d’une façon précise l’intensité de la lumière présentée à l’œil. M. Charpentier a imaginé dans ce but, dès 1877, un instrument appelé photoptomètre dont il décrit la constitution typique et les principales formes adaptées à différentes sortes d’expériences. Il expose ensuite les principaux résultats de ses recherches, résultats que nous allons tâcher d’indiquer autant qu’il est possible de le faire en quelques lignes.

Toutes les parties de la rétine, sauf le centre, ont paru également excitables, c’est-à-dire qu’il a fallu la même quantité de lumière, le même éclairement de la surface présentée à l’œil pour produire une sensation lumineuse. L’infériorité du centre rétinien est compensée, on le verra plus loin, par une supériorité spéciale.

L’excitation ou l’impression lumineuse se diffuse sur une certaine