Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXX.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
revue philosophique

trouver ; mais on peut, en attendant, se rendre compte de la spécificité des sensations en Invoquant la nature du centre nerveux mis en activité par l’excitation du nerf optique. L’auteur donne plus loin une nouvelle théorie, ou du moins une nouvelle tentative d’explication basée sur ses expériences.

Quoi qu’il en soit, on connaît du moins l’action intermédiaire entre la vibration lumineuse et l’excitation nerveuse. Les vibrations de l’éther décomposent une substance, le pourpre rétinien ou érythropsine, découverte par Boll dans la rétine, et c’est le mouvement moléculaire ainsi provoqué qui agit alors directement sur les éléments nerveux visuels. Voilà donc l’œil complètement assimilé à la chambre noire photographique munie de sa plaque sensible.

Vient ensuite un aperçu des recherches de Dewar sur les phénomènes électriques produits dans le nerf optique et dans les éléments nerveux centraux par la lumière. Ces phénomènes se traduisent extérieurement par un courant de sens défini et d’intensité variable suivant la force de l’excitation lumineuse. On peut entrevoir là, dit l’auteur, la possibilité d’étudier des phénomènes de sensibilité aussi délicats que ceux de la vision autrement que par l’observation intérieure et en donnant jusqu’à un certain point une sanction objective à celle-ci. Mais, en somme, le courant de Dewar n’est que le courant ordinaire constaté dans les nerfs au moment de leur activité ; il ne nous traduit que l’activité du nerf optique et non l’origine de cette activité.

Un autre phénomène objectif en rapport avec la présence de la lumière, c’est la migration du pigment rétinien. Cette agitation excite-t-elle mécaniquement les cônes et les bâtonnets ? Protège-t-elle en même temps ces éléments contre un excès de lumière en facilitant l’absorption de celle-ci ? Ce sont là des questions non résolues.

La limitation du spectre visible est un dernier phénomène objectif à examiner. Pourquoi les rayons ultra-rouges et les rayons ultra-violets sont-ils invisibles ? C’est surtout parce que ces radiations, absorbées par les milieux dioptriques, n’arrivent pas jusqu’à la rétine.

La première partie du livre se termine par un résumé de l’embryologie de la rétine. Celle-ci doit être considérée comme un véritable centre nerveux faisant partie de l’encéphale et relié au cerveau par l’intermédiaire du mésocéphale.

La deuxième partie comprend l’étude expérimentale des sensations et des perceptions visuelles. C’est la partie la plus importante et la plus originale. Elle est entièrement neuve. M. Charpentier commence par indiquer le sens des deux termes sensation et perception. La perception va plus loin que la sensation.

Les sensations sont connues de l’homme directement, sans que l’on ait besoin de les transformer en d’autres phénomènes physiques, sans qu’on puisse même opérer cette transformation. Mais leur production n’échappe point pour cela à la loi de la conservation de l’énergie. Une