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ANALYSES.a. charpentier. La lumière et les couleurs.

lumière, sur l’appareil visuel et sur les effets physiologiques extérieurs ou objectifs produits par l’énergie lumineuse. Il a cependant ajouté à chacun de ces chapitres préliminaires des considérations théoriques et des vues d’ensemble qui, jointes à la simplicité même de l’exposition, dénotent dès l’abord une compétence d’un ordre élevé.

Le premier chapitre comprend les notions les plus générales sur la lumière et l’œil. La lumière est constituée par des vibrations extrêmement rapides de l’éther. Il y a, au point de vue physique, plusieurs espèces de lumière (comme il y a plusieurs sons) suivant la rapidité de ces vibrations. Chaque espèce de lumière simple produit dans l’appareil visuel une sensation spéciale (couleur) à condition qu’elle agisse isolément ; l’action simultanée sur la rétine de plusieurs espèces de lumières simples produit un nouveau phénomène essentiellement physiologique qui consiste non pas, comme on le dit souvent, dans le mélange, mais dans une certaine modification des sensations de couleur primitive. L’œil est, à l’opposé de l’oreille, qui analyse les sons avec une grande perfection, un appareil synthétique. Il ne peut servir à définir la lumière que si on lui présente isolés, au moyen du spectroscope, les différents rayons dont cette lumière se compose. Mais, ajouterons-nous, n’en est-il pas de même parfois pour l’oreille lorsqu’on lui présente dissociés au moyen de résonnateurs les différents harmoniques d’un son complexe ? Le timbre est comme la couleur des sons, pourrait-on dire, au risque de commettre une simple catachrèse.

L’auteur expose, dans le chapitre II, que la lumière est une forme de l’énergie dont l’équivalent mécanique n’a pu être mesuré, mais qui est susceptible certainement de se transformer en chaleur, en mouvement mécanique, en activité chimique, en électricité. Les divers rayons spectraux ne jouissent pas, sous ces divers rapports, des mômes propriétés. Enfin la lumière agit sur les êtres vivants, végétaux et animaux, même indépendamment de la fonction visuelle.

L’étude générale de cette fonction et de son appareil est l’objet des deux chapitres suivants. Et d’abord il est question des animaux sans yeux et cependant sensibles à la lumière. Puis vient l’évolution de l’appareil visuel dans la série animale, depuis l’œil sans rétine et sans milieux réfringents jusqu’à l’œil complet. À propos des limites de délicatesse des images rétiniennes, M. Charpentier expose ses expériences sur l’aberration de sphéricité. Il décrit ensuite la rétine, sa structure et celle de la tache jaune, puis le rôle des éléments rétiniens dans la vision. Il examine après cela la doctrine de l’énergie spécifique des nerfs. On admet que chaque nerf, chaque filet nerveux réagit toujours de la même façon quelle que soit l’excitation subie par lui. Il faut croire, en ce cas, qu’il existe au moins trois sortes de filets nerveux dans la rétine, susceptibles de provoquer les trois sensations colorées fondamentales avec lesquelles, d’après la théorie de Young et d’Helmholtz, peuvent se produire toutes les autres. Cette théorie est sujette à de nombreuses objections, et les trois sortes de filets sont encore à