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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Dr Augustin Charpentier (Bibl. scientif. contemp., 1888). La lumière et les couleurs au point de vue physiologique. In-18, Paris, J.-B. Baillière.

Voilà un ouvrage qui fera honneur à la Bibliothèque scientifique contemporaine, car c’est à la fois un ouvrage de vulgarisation et de première main, chose rare. L’auteur y a rassemblé, en les résumant, la plupart des recherches qu’il a faites depuis une douzaine d’années sur les perceptions d’origine visuelle et qui ont été exposées successivement, soit dans les comptes rendus de l’Académie des sciences, soit dans ceux de la Société de biologie. Connaissant à fond son sujet pour y avoir tant et si bien travaillé, il a pu faire de la haute et philosophique et claire vulgarisation.

Il n’y a pas de question plus intéressante pour le psychologue que celle de la transformation de l’agent extérieur lumière en phénomènes nerveux et en sensations. Comme pour les sensations auditives, on se trouve là sur le terrain commun à la physiologie et à la physique. L’expérimentateur doit être à la fois physicien, physiologiste et psychologue ; M. Charpentier se montre dans son livre, sous ces trois aspects. Les deux derniers ne font qu’un, il est vrai, mais pas plus que l’homme n’est un et pas plus que l’œil et le cerveau n’ont les mêmes fonctions élémentaires dans les sensations visuelles. « Celui qui voudra bien étudier ces sensations, dit l’auteur dans la relation de ses expériences, devra pour ainsi dire se dédoubler. Actif pour régler d’avance toutes les conditions dans lesquelles il opérera, pour choisir l’excitation convenable, la partie à exciter, l’état physiologique dans lequel l’œil devra être placé, il deviendra passif au moment de l’expérience, c’est-à-dire qu’il ne cherchera pas à interpréter la sensation qu’il recevra, et qu’il se contentera de la recevoir et de la noter dans son souvenir. Que de fois l’effort cérébral que chacun exerce plus ou moins consciemment ne fausse-t-il pas les résultats d’une expérience ! Cerveau et appareil rétinien ont deux tâches distinctes et doivent fonctionner d’une façon dissociée… »

M. Charpentier ne s’est pas borné à résumer les résultats de ses propres recherches. Il a consacré une partie assez considérable de son livre aux données plus ou moins connues et d’ordre général sur la