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que sous des conditions spéciales et d’après des analogies, toute la partie de l’univers en dehors de notre globe ne forme qu’un groupe unique. Nous diviserons donc l’axiologie empirique ou actuelle en axiologie terrestre et en axiologie extra-terrestre. Cependant le mot extra-terrestre (uberisdisch) doit être écarté, car il pourrait être confondu avec ceux de monde phénoménal supra-expérimental ou non actuel, et l’analogie qu’il serait possible d’établir entre la vie terrestre et la vie extra-terrestre se trouverait alors, sinon abolie totalement, du moins limitée sans raison.

E. — Croisement des quatre divisions.

Les divisions introduites dans l’axiologie d’après différents points de vue, se croisent de la façon la plus diverse. J’ai indiqué plus haut déjà les relations qui existent entre la division d’après la possibilité et la division d’après le résultat. On peut dire d’une manière analogue que le dogmatisme et le scepticisme axiologiques formellement négatifs, de même que le dogmatisme formellement positif, choisissent pour champ d’action, en première ligne, l’axiologie métaphysique, en seconde, l’axiologie supra-empirique et non actuelle, en troisième, l’axiologie extra-terrestre, et que l’axiologie terrestre demeure réservée de préférence à un criticisme axiologique circonspect. Dans l’axiologie terrestre nous rencontrons à nouveau, d’abord les unités de mesure esthétique, morale et religieuse, puis l’unité téléologique dont s’emparent le dogmatisme de l’ignorance et le dogmatisme positif de la certitude absolue, tandis que dans ces branches mêmes de l’axiologie, le scepticisme trouve, à son tour, le point faible de toutes les affirmations dogmatiques. Dans le domaine terrestre, l’axiologie eudémonoloque demeure ainsi comme la branche qui livre à l’expérience les faits les plus sûrs, réservant à un criticisme axiologique, appuyé sur la méthode inductive, le champ d’action le plus étendu.

La division d’après les sphères de l’existence se croise avec les divisions d’après la possibilité et le résultat. L’axiologie eudémonologique s’étend sur toutes les sphères de l’existence où l’on reconnaît quelque faculté de jouir et de souffrir. Elle vaut donc pour le monde extra-terrestre, dans le cas où il s’y rencontrerait quelque chose d’analogue à la vie organique. Elle vaut pour les mondes de la croyance supra-empiriques et non actuels, dans le cas où l’on accorderait individuellement à leurs esprits une espèce ou seulement un reste de sensibilité. Elle vaut enfin pour l’être multiple ou simple de l’univers, dans le cas où le bonheur ou le malheur y trouverait