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é. de hartmann. — l’axiologie et ses divisions

eudémonologique et téléolo-évolutionniste, une axiologie esthétique, morale et religieuse formant trois branches indépendantes de l’axiologie générale. On fera bien alors de les distinguer (par des mots comme ceux de « indépendantes » ou de « proprement dites », ou bien encore de « dans un sens plus restreint » ) des subdivisions correspondantes de l’axiologie eudémonologique et téléolo-évolutionniste.

B. — Division de l’axiologie d’après sa possibilité.

Sous le rapport de la possibilité du problème axiologique, on peut distinguer cinq opinions différentes.

La première conclut, d’après des raisons objectives, que l’axiologie est impossible, autrement dit que la recherche même en est insensée ou absurde, parce que, d’une manière générale, il n’existe pas d’unités de mesure objectives, ou parce que l’idée de valeur n’est en rien applicable à l’univers et à ses parties. La seconde ne conclut pas précisément que le problème axiologique est absurde en soi, mais qu’il est insoluble pour des raisons subjectives, parce que la nature humaine ne peut absolument pas concourir à sa solution : on nie que le progrès de la connaissance humaine, dans les limites de notre pouvoir intellectuel, puisse jamais modifier cette incapacité subjective. La troisième est plus prudente : elle se garde de tout jugement sur la valeur ou la non-valeur de l’univers, non point parce qu’elle considère le problème comme insensé ou sa solution comme impossible, mais parce qu’elle estime que, dans son état actuel, la connaissance humaine n’a pas atteint un degré suffisant pour le résoudre. Elle ne nie pas la possibilité abstraite d’un progrès important de la connaissance humaine qui permît une solution approchante du problème ; mais elle pense qu’elle n’a pas à se préoccuper de possibilités abstraites de ce genre, et doute qu’on puisse jamais les réaliser. Au contraire, la quatrième opinion tient la connaissance humaine comme suffisante, dès maintenant, pour fournir une solution approchante du problème axiologique, solution qui donnerait, sinon une certitude, du moins une probabilité suffisante. Pour elle, l’écart est si petit qu’il ne peut plus modifier l’indice positif ou négatif du résultat, c’est-à-dire que le résultat de positif qu’il est ne peut devenir négatif, et vice versa. La cinquième opinion enfin tient pour possible une solution apodictique du problème axiologique, et croit être en possession d’une solution absolue, certaine et capable d’une démonstration rigoureuse.

La première opinion n’est que la soi-disant reductio ad absurdum