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dis que, d’un autre côté et en même temps, on tiendrait compte de l’influence de ces facteurs sur l’estimation du plaisir universel. En effet, lors même qu’elles auraient tout d’abord une importance téléologique, elles ne laisseraient pas de réagir fortement sur les conditions du plaisir, de telle sorte qu’une appréciation de la valeur du plaisir universel serait incomplète si ces facteurs y étaient négligés. Même remarque pour le cas où la beauté, la moralité et la religiosité fourniraient trois unités de mesure indépendantes à la fois de la fin de l’augmentation du plaisir et de celle du développement téléologique du monde ; car, en dehors de leur valeur comme unités de mesure indépendantes, elles doivent être considérées encore dans leur réaction et sur les conditions du plaisir et sur le processus du développement de l’univers.

L’étude de l’estimation du monde ou axiologie, si l’on accepte des unités indépendantes, doit avoir naturellement des subdivisions multiples. Si, au contraire, on ne conserve comme unité que le plaisir et la douleur, ou bien le bonheur ou eudémonie (eudämonie), il n’y aura qu’une axiologie eudémonologique, et alors la finalité naturelle aussi bien que le processus historique du monde, la beauté aussi bien que la moralité et la religiosité ne seront considérées que comme des moyens de l’eudémonie dans l’axiologie eudémologique. Il ne sera donc pas inadmissible alors de parler également d’une axiologie téléologique, esthétique, morale et religieuse, pourvu qu’on ne néglige pas d’affirmer que par ces quatre dénominations on n’entend autre chose que des parties déterminées ou des subdivisions de l’axiologie eudémonologique. S’il n’existe que deux unités indépendantes, l’unité eudémonologique et l’unité téléologico-évolutionniste (teleologisch-evolutionistische), l’axiologie elle-même ne se divisera qu’en deux parties : la beauté, la moralité et la religiosité devront alors trouver dans chacune d’elles une application convenable. Mais dans ce cas encore il sera permis de parler d’une axiologie esthétique, morale et religieuse, en tant qu’on entendra par là des espèces respectives de l’axiologie eudémonologique et téléoloévolutionniste. Cependant il vaudrait mieux, pour éviter toute confusion, qu’on rappelât en même temps la branche de l’axiologie à laquelle devrait correspondre la subdivision. On dirait, par exemple, axiologie esthétique — eudémonologique, ou bien axiologie morale — évolutionniste ; si toutefois l’une de ces branches n’a pas été formellement exclue d’une étude spéciale.

Que si l’on considère également la beauté, la moralité et la religiosité comme des unités de mesure indépendantes, on aura, à côté des subdivisions esthétiques, morales et religieuses de l’axiologie