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des cigognes, des hirondelles, des rossignols, l’esprit d’imitation, du perroquet, et mille particularités, citées par les naturalistes, ne laissent aucun doute là-dessus. — Enfin les affections des oiseaux sont parfois aussi vives que celles des mammifères, l’amour et la haine, le courage et la lâcheté, la colère, la peur, la jalousie, la pitié, etc., se mêlent chez, eux pour former des sentiments souvent très complexes. — Si donc rien ne manque aux oiseaux pour qu’ils aient de l’imagination, pourquoi n’en auraient-ils pas ? — Une preuve plus directe qu’ils n’en sont pas dépourvus, c’est que les cigognes, les canaris, les perroquets, rêvent comme des chiens ou des chevaux ; c’est qu’ils subissent des illusions et des hallucinations ; c’est qu’enfin les oiseaux jouent de mille manières, rongeant les arbres, picotant le sable, lançant de la terre en l’air, recueillant dans leurs nids et déchiquetant des objets de toutes couleurs, se mirant, se redressant, voletant, se répondant d’arbre à arbre et entretenant les conversations les plus animées.

Maintenant, la construction d’un nid implique-t-elle l’exercice de l’imagination ? Des exemples empruntés à Wallace, à Darwin, à White, aux deux Müller, etc., permettent de répondre affirmativement. Trouver une feuille, la percer, filer un fil, le nouer, chercher une seconde feuille, la coudre avec le fil, puis doubler le nid d’un tissu animal, et presser de la poitrine la doublure, etc., etc., tous ces actes, agencés, coordonnés, ne supposent-ils pas cette synthèse mystérieuse de représentations, qui précisément est l’imagination ? M. Œ.-N., d’ailleurs, reviendra sur la question, dans un nouvel ouvrage qu’il annonce, et que nous lirons avec plaisir.

Cette sèche analyse peut faire comprendre combien d’idées sont soulevées et traitées dans la brochure de M. Œ.-N. ; mais elle ne saurait donner l’idée des détails, si nombreux et si intéressants, qui font le principal charme de l’ouvrage. Il faut les lire dans le texte même du livre, l’un des meilleurs qui aient paru ces derniers temps.

Henri Müller.

Max. Falk. Versuche ueber die raumschatzung mit Hulfe von Armbewegungen. Dorpat, 1890, 57 p.

Les principaux résultats des expériences faites au moyen du bras droit par M. Falk sont les suivants : nous aurions une tendance à nous exagérer les petites distances et à nous rapetisser les grandes ; le point d’indifférence serait pour le mouvement en avant du bras vers 7-8 cent., pour le mouvement en arrière vers 15 cent. ; on s’exagérerait davantage la distance dans le mouvement en arrière ; l’accroissement de l’effort serait sans influence sur l’erreur commise ; au contraire, elle semblerait dépendre de la position du bras. La finesse de la sensibilité discriminative serait presque aussi grande, lorsque les distances à comparer sont importantes, que dans le cas de perceptions visuelles ;