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ANALYSES.dwelshauvers. Psychologie de l’aperception.

pensée ou de l’action des théories auxquelles on s’attache trop ensuite. Le même reproche peut être renouvelé à propos de la loi d’évolution du sentiment : « La sociabilité est d’abord domestique, puis civique, et finalement universelle ». Est-il bien sûr que « au début les sociétés ne sont que des groupements passagers de famille, pour quelques opérations communes, mais où la notion de l’être collectif, famille, est seule prépondérante et peut seule, par suite, en se combinant avec les impulsions du cœur, donner lieu au sentiment composé de la sociabilité domestique ».

La philosophie positive manque quelquefois d’esprit positif, elle paraît manquer quelquefois aussi de philosophie ; ses diverses lois ne sont peut-être pas suffisamment coordonnées ensemble ; il me semble difficile de voir dans les lois que j’ai citées tout à l’heure une vraie « théorie de l’entendement ». Toutefois, malgré les critiques qu’on peut leur adresser, je n’hésite pas à recommander la lecture du livre de M. Laffitte ; on y trouve beaucoup de réflexions justes, d’idées suggestives, de théories trop oubliées et de vérités méconnues. Disons que le livre est clairement écrit et fortement pensé. Le mérite de la pensée revient sans doute pour une grande part à Auguste Comte ; il serait injuste d’en refuser une part importante à M. Laffitte lui-même.

Fr. Paulhan.

Georges Dwelshauvers. Psychologie de l’aperception et recherches expérimentales sur l’attention. Bruxelles, E. Guyot, 1890, ix-179 p.

Dans son Introduction, M. D. développe des considérations intéressantes sur l’historique de la psychologie expérimentale, les services que cette science est appelée à rendre, les méthodes dont elle se sert. Il remarque en particulier que « personne ne songe à supprimer la perception interne » (p. 15) et que la psychologie expérimentale « ne se confond pas et ne se confondra jamais avec la physiologie » (16).

Dans la première partie qui suit, M. D. nous donne les résultats des expériences qu’il a entreprises dans le laboratoire de Wundt et dont le but était d’ « étudier l’influence qu’exerce le temps pendant lequel l’attention est tendue — donc la durée de cette tension — sur un acte donné qui la suit immédiatement et en vue duquel l’effort attentif a été provoqué » (41). Il a constaté que quand les impressions sur lesquelles on doit réagir sont précédées de signal, l’adaptation de l’attention se fait plus aisément, que la distinction établie par L. Lange entre les réactions sensorielles et les réactions musculaires est juste, que l’intervalle le plus favorable entre le signal et l’impression pour que la réaction soit rapide est celui d’ 1 1/2 seconde, que, sauf l’influence de l’habitude, l’accroissement de l’intervalle, notamment s’il s’agit de réactions sensorielles, entraîne une augmentation de la durée de la réaction.