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g. tarde. — le délit politique

des occupations. Ce qui m’y frappe, c’est que les départements conservateurs sont en majorité les départements agricoles ou semi-agricoles, groupés à l’ouest et en partie au nord, tandis que les régions républicaines sont industrielles. La comparaison des cartes 4 et 6 le prouve, malgré force exceptions. Quant au rapport entre la génialité et le républicanisme, il me frappe bien moins, et je ne puis voir dans les coïncidences que présentent à cet égard les cartes 3 et 4 que l’action de la vie urbaine sur les deux phénomènes à la fois. M. Lombroso observe lui-même que l’opinion républicaine prévaut là où la population est la plus dense. Cette remarque, par laquelle il vient confirmer Jacoby, aurait dû lui faire reconnaître le rôle majeur des grandes villes et de leur contagion exemplaire en matière électorale.

Par exemple, plus je regarde et moins j’aperçois le parallélisme prétendu entre la carte orographique et la carte électorale, « La montagne, nous dit M. Lombroso, favorise la génialité et les tendances républicaines. » Je cherche en vain la preuve de cet aphorisme, en contradition absolue avec le fait, démontré par Jacoby, que la génialité est en rapport avec la densité de la population, très clairsemée, on le sait, dans les pays montagneux. J’avais cru jusqu’ici, d’autre part, que les montagnards, par leur genre de vie sédentaire et domestique, étaient enclins au conservatisme politique ou religieux. L’histoire le démontre, en particulier l’histoire de la Grèce que M. Lombroso invoque pourtant (P. 62) à l’appui de son idée. Du reste, quelques pages plus loin, il oublie celle-ci. Ces cités de l’intérieur, dont les philosophes grecs louaient l’esprit traditionaliste, en opposition avec le tempérament révolutionnaire des cités du littoral, étaient situées dans les parties montagneuses ou dans les vallées hautes et encaissées de la Grèce. Il dit lui-même (p. 105) des Doriens, que, « ayant habité les régions montagneuses, ils sont restés attachés à la tradition ».

On pourrait croire, d’après ce qui précède, que M. Lombroso est un républicain ardent, malgré l’éloge qu’il fait quelque part de la monarchie de Savoie. Mais, en vérité, je crois qu’un jeune homme docile et confiant serait bien embarrassé, s’il consultait Il delitto politico sur le choix d’un parti politique. Avec qui fera-t-il bien de voter ? Avec les monarchistes ? Mais ils abondent en France là où la malaria est le plus répandue, dans les pays marécageux, « Landes, Creuse, Charente-Inférieure, Vendée ». De plus, les monarchistes sont surtout brachycéphales, très dénués de génie[1]. Faut-il donc être répu-

  1. Il montre, p. 102, que la race cimbrique, en France, est entièrement monarchique. De là, il devrait suivre, naturellement, d’après la liaison cent fois alléguée par L. entre monarchisme et absence de génie, que la race cimbrique est la