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CORRESPONDANCE


Genève, 15 juillet 1890.
Monsieur le directeur,

Permettez-moi de donner à vos lecteurs quelques explications à propos du jugement porté par M. Tarde dans le numéro de juillet de votre Revue, sur le livre de M. Delbœuf, Magnétiseurs et Médecins. M. Tarde affirme que son ami n’a pas été l’agresseur « dans cette querelle » et qu’il a été l’objet d’« attaques imméritées ». L’éminent critique ajoute qu’on a eu tort, au Congrès de l’hypnotisme, de blâmer avec sévérité l’attitude de M. Delbœuf, qui s’est fait le défenseur des magnétiseurs de tréteaux « contre la fausse pudeur des savants qui n’osent pas reconnaître franchement les services certains rendus à la science par les magnétiseurs de profession ».

Je pense que tous ceux qui auront lu l’article du docteur Merveille dans le numéro du 20 mars 1890 de la Gazette médicale de Liège, et celui que j’ai fait paraître le 1er avril dernier, dans la Revue de l’hypnotisme (p. 309), sauront où il faut chercher l’agresseur et d’où sont parties les attaques imméritées.

Depuis plusieurs années, M. Delbœuf accuse publiquement partout les médecins d’être jaloux des magnétiseurs, et de ne demander l’interdiction des séances publiques que dans un but intéressé, pour en avoir le monopole et en tirer un intérêt pécuniaire qu’ils n’avouent pas.

Voilà les « attaques imméritées » contre lesquelles je me suis élevé au Congrès, comme je devais le faire pour rester fidèle à la tâche qui m’avait été confiée.

On chercherait en vain dans mon rapport des attaques contre la personnalité honorable de M. Delbœuf, sa bonne foi, sa moralité scientifique, ses savants travaux et sa gloire. C’est lui-même qui a jeté toutes ces choses dans le débat, s’efforçant d’en faire une querelle personnelle, et m’abreuvant d’invectives.

Quant à l’attitude que M. Delbœuf a prise, en se faisant l’avocat des magnétiseurs ambulants, je ne l’ai point blâmée avec sévérité, comme le dit M. Tarde. Tous ceux qui voudront bien lire le rapport que j’ai présenté au Congrès pourront s’en convaincre.