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revue des périodiques étrangers


La Filosofia, Rassegna Siciliana.


(1o numéro, Gennaio.)

Cette revue paraîtra tous les deux mois à Païenne, à la librairie internationale L. Pedone-Lauriel. Elle a pour directeur le prof. Simone Corleo. Elle se rattache par ses tendances aux doctrines dynamiques, qui partout en Europe ont accentué leur mouvement de réaction contre les théories du positivisme mécanique.

R. Benzoni. La philosophie de nos jours. — Résumons les conclusions de cet article assez long et qui suffit à lui seul pour montrer l’esprit de la nouvelle revue, d’ailleurs ouverte, nous est-il dit, à toute doctrine quelle qu’elle soit, scientifiquement exposée, sous la responsabilité de l’auteur.

La philosophie de nos jours, parallèlement aux systèmes rationalistes, idéalistes et ontologiques de la vieille métaphysique, justifie avec la Critique de la connaissance son propre caractère réaliste. Pour déterminer le point où commence et celui où finit la série des faits, elle prend la forme de monisme. Or, comme la reconstruction raisonnée du monde analytiquement connu, l’unification totale des données empiriques n’est pas possible sans un principe unificateur, et que pour le déterminer il faut dépasser l’expérience, le monisme de nos jours prend un caractère différent, selon que l’on dépasse l’expérience par quantité seulement ou par quantité et qualité, selon qu’on y applique le procédé régressif ou progressif.

Pour résoudre le problème cosmologique, on peut s’en tenir à la transcendance réelle ; mais ce problème se rattache étroitement avec le problème psychologique et le problème ontologique, et, pour résoudre ces derniers, il faut dépasser l’expérience par qualité ; c’est pourquoi, dans les limites de la transcendance réelle, on ne pourra donner au problème cosmologique une solution adéquate et définitive.

En dépassant l’expérience, soit par qualité, soit par quantité, on peut regarder à l’infîniment grand ou à l’infiniment petit. Spencer a regardé au premier : par la transcendance quantitative, il arrive à la force, à laquelle on ne peut assigner des limites ; par la transcendance qualitative, il aboutit à l’inconnaissable. Si l’on observe que l’inconnaissable et, en général, les résultats de la transcendance qualitative, en regardant à l’infiniment grand, prennent caractère et valeur intellectuels, on s’explique l’aversion de l’esprit scientifique moderne pour de telles solutions du problème cosmologique se rattachant aux vieux systèmes du rationalisme et de l’idéalisme. Cette même observation justifie la tendance qui porte la philosophie actuelle à l’infiniment petit ; nous appuyant sur le procédé régressif, si nous dépassons l’expérience par quantité, nous devons, comme le savant, nous arrêter à l’atome, et, si nous la dépassons par qualité, nous parvenons au monde.