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habiles dans l’extraction et le travail des métaux, par l’exogamie ou défense du mariage hors de la tribu, et par la lutte continuelle des premières villes contre les Nomades.

Le fait fondamental qui produit la société est le sentiment de confiance mutuelle, d’où découle le plaisir d’appartenir à la communauté, de jouir de sa vie, plaisir qui se manifeste par révolution de la parole. Celle-ci conduit à l’évolution des idées, des premières hypothèses sur la nature des choses, sur les puissances occultes qui les gouvernent, aux sentiments d’espérance ou de crainte qui s’éveillent et font les premières religions. Le moteur de la psychogénie des peuples primitifs a été la confiance grandissant dans la victoire des fins humaines et dans le secours des divinités (qu’on se figure toujours moins sévères et plus bienveillantes) pour les réaliser.

La fusion de milliers de petits langages et de mythologies locales a produit les premières langues égyptiennes, sémitiques, aryennes, et les grands systèmes religieux et politiques de ces peuples. La société primitive de l’Égypte et sémitique était matriarcale ; aussi la première société chinoise n’a-t-elle adopte les mœurs et la famille patriarcales que plus tard, environ 2400 av. J.-C.

M. Caporali parle de la société patriarcale du Pérou, du socialisme de l’Amérique centrale, de l’animisme féroce de l’Amérique du Nord, et arrive à la fondation de la société aryenne, qui est, dès le début, patriarcale, virile, et se fait avec Zoroastre, 2600 av. J.-C, un idéal de la divinité dualiste, bonne et mauvaise, celle-ci très inférieure, celle-là notre alliée et très puissante. Des Gathas, commentaires à la révélation du Zoroastre, dérivent les idées fondamentales des religions sémitiques modernes.

M. Caporali traite ensuite des Aryens de l’Inde et de leur évolution primitive, en cherchant à donner une base sûre à la philosophie de la société par la coordination des faits importants recueillis dans ces dernières années par l’égyptiologie, l’assyriologie, la sinologie, par les indianistes et les savants auteurs de l’histoire des religions.

III. Le principe d’Héraclite comparé à celui de Pythagore. — Le feu d’Héraclite s’allume et s’éteint à mesure, comme le nombre réel, avec le sens des proportions. Il est comparé à la tension de l’arc, à l’harmonie de la lyre ; il est appelé Logos, et il est pur dans l’âme humaine. Il ne devient jamais une abstraction métaphysique, ni un système de contradiction, ni un procès qui unifie l’Être avec le Bien, comme l’ont pensé Hegel, Lassalle, Mariano, et autres hégéliens. Il n’est pas la nature dialectique du mouvement. Il est énergie mesurée, sensible, matérielle. Peut-être Heraclite l’a-t-il appelé feu pour éviter les erreurs de ceux qui confondaient le nombre conceptuel avec le nombre réel de Pythagore, auquel il ressemble sous bien des rapports, surtout dans la tendance à l’unité des éléments.