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point de vue de l’être et non du connaître, et qu’il fait consister l’activité essentielle de l’esprit dans la systématisation et dans l’harmonisation. Il ne réduit pas la conscience au sentiment de l’effort qui accompagne la volonté, comme font les associationnistes. Il ne confond jamais la nature qui se fait avec la nature faite. Il pense qu’avec le sentiment s’est développée dans la série animale la logique, la variété des sensations conduisant à comparer leurs qualités et quantités, et que par la répétition de ces petits jugements se sont formés peu à peu les sentiments de plaisir et de douleur, qui réveillent à eux seuls la conscience ou nature qui se fait.

La matière et la force jaillissent aussi, pour M. Paulhan, comme pour M. Caporali, des centres sentants, qui systématisent les mouvements, ce qui se dit orientation dans le monde physique et chimique, pensée dans le monde humain, les circonstances étant adaptées aux besoins éprouvés.

Être, pour la nature qui se fait, signifie persistance dans le flux des changements, comme centre de comparaison de ce qui peut nuire ou être utile au développement de son propre système, hérité ou habituel, ou en voie de formation, dans lequel elle se complaît. Dans son unité et sa continuité, elle trouve les concepts d’identité, les rapports d’espace et de temps, de conservation de la force.

La volonté et l’action sortent de la sensation comme divergence des lignes de force unifiées dans la convergence sentie. L’essence du mouvement est figuration désirée, anticipation de l’objet, effort. Les effets sont égaux à la cause dans la quantité du travail, mais bien différents dans la qualité, et dérivent de la réaction de la chose excitée, de la manière d’être particulière des unités provoquées. La nature faite n’est que du mouvement réflexe, l’équilibre des forces déjà dirigées et mesurées : mais la nature qui se fait, c’est la sensation qui fait des mouvements nouveaux, adaptés au besoin. La volonté est donc une activité produite par les sentiments de plaisir ou de douleur, pour changer la matière sentie, et le générateur de toutes les énergies est le désir d’harmonie, de systématisation.

Dans la psychologie de M. Paulhan, bien fondée sur les problèmes fort essentiels de la philosophie expérimentale, la systématisation fait tout. Il laisse bien loin de lui les prétentions empiriques des associationnistes et les illusions des phénoménistes.

En somme, appréciation large et assez complète d’un livre très remarquable, fortement pensé, à beaucoup d’égards original, et que d’autres se sont contentés d’analyser ou d’apprécier au point de vue assez secondaire de la forme littéraire.

II. La formule pythagorique de révolution cosmique. — L’âge préhistorique du fer commence en Afrique, environ 20000 av. J.-C. Le bronze est formé dans les premières sociétés de la Médie et de l’Inde, environ 6000 av. J.-C, et porté en Égypte 2700 ans plus tard.

La famille utérine se dissout par l’association des hommes plus