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notices bibliograpuiques

louer. Saint Thomas, en particulier, nous semble l’auteur le plus propre à donner l’intelligence claire et complète d’Aristote.

L’essai de synthèse entre les doctrines de Platon et d’Aristote est une œuvre dogmatique autant qu’historique. Si M. Cazac a cherché dans les écrits des deux auteurs les éléments d’une conciliation, il s’est aussi propose de trouver la formule définitive de tout spiritualisme ultérieur (p. 25). Il a fort bien montré que l’on ne pouvait faire d’Aristote un nominaliste, mais aussi il a essayé, en rapprochant la conception de l’universel chez l’un et chez l’autre, de préparer les éléments d’une fusion entre les deux doctrines. Pour Aristote comme pour Platon il y a, selon lui, des idées générales ; l’idée est la forme sans laquelle l’objet demeurerait un simple possible (p. 24). Puis, appliquant le célèbre principe du philosophe : « Dieu et la nature ne font rien en vain », M. Cazac cherche la cause dernière de cette série linéaire de formes qui va des corps élémentaires et mixtes à l’acte pur de toute passivité, et il ne trouve que par l’hypothèse d’une hiérarchie de concepts en Dieu, la justification du progrès physique des essences et des formes substantielles dans le système péripatéticien (p. 26). Enfin, la distinction entre le moteur immobile et les dieux secondaires du ciel des étoiles fixes, lui semble propre à résoudre l’objection tirée de l’assertion d’Aristote qu’ « il est des choses qu’il vaut mieux ne pas voir que de les voir ».

Nous ne savons si M. Cazac réussira à convertir les lecteurs à son péripatétisme ainsi rapproché du platonisme, mais ce qui nous semble incontestable, c’est qu’une doctrine aussi compréhensive pourrait être mise en accord avec les progrès scientifiques, et que tous ceux qui étudieront l’ouvrage reconnaîtront l’érudition, la sagacité et la pénétration de l’auteur.


J.-H. Witte. Sinnen und Denken, etc. Halle-Saale, Pfeffer, 1889, vii-250 p. in-8o.

Le nouveau volume de M. W. ne comporte pas une analyse. Il est formé de morceaux détachés sur des sujets de littérature, de philosophie et de pédagogie. Je me bornerai à transcrire les titres de ces morceaux : Le pessimisme dans la poésie et la poésie du pessimisme ; — Sur le patriotisme et l’importance morale de l’État ; — La crise sociale dans les hautes classes, l’organisation de notre éducation et l’idée d’une éducation nationale ; — Fichte comme politique et patriote ; — Sur les services de Frédéric le Grand pour l’éducation et l’enseignement ; — Trois commerçants hommes supérieurs en littérature et en science (Daniel de Foë, Benjamin Franklin et Moïse Mendelssohn).

L. A.