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Paris, professeur de philosophie à Tarbes et maintenant à Nîmes, a abordé, devant la Société académique des Hautes-Pyrénées, l’examen d*une question fort controversée dans l’histoire de la philosophie ancienne.

Son ouvrage comprend deux parties. Dans l’une, où il examine la polémique d’Aristote contre la théorie platonicienne, il rapporte l’argumentation d’Aristote contre Platon, et essaye de donner une synthèse du platonisme et de l’aristotélisme. Dans l’autre, il a placé en appendice des éclaircissements sur quelques points du péripatétisme qui traitent : I. Du Platonisme. — II. De la Théorie de la réminiscence. — III. Théorie péripatéticienne de la connaissance intellectuelle. — IV. Théorie de l’être, d’après Aristote. — V. Du Dieu d’Aristote. — VI. Des principaux rapports du système d’Aristote et de celui des Stoïciens.

M. Waddington a présenté à l’Institut le travail de M. Cazac. M. Blavé, correspondant de l’Institut, lui a consacré un article dans la Revue de l’Agénois, enfin il a été l’objet d’un rapport lu à l’Académie de Nîmes par M. Ferry. Tous en ont fait l’éloge, et avec raison.

Nous laisserons de côté l’Appendice, composé de notes érudites et sagaces, mais qui, par cela même, échappent à l’analyse. Dans la première partie, M. Cazac a essayé, selon l’esprit du péripatétisme, de ramener à ses points essentiels la critique qu’Aristote oppose à la doctrine des Idées. Il a été conduit ainsi à rechercher quelle théorie Aristote y substitue, et s’il n’est pas possible de découvrir, dans les écrits des deux penseurs grecs, les éléments d’une conciliation et d’un accord. Nous aurions bien quelques réserves à faire sur l’exposition de la critique d’Aristote ou plutôt sur certaines affirmations que M. Cazac a négligé de justifier. Ainsi, sans contester la sincérité philosophique d’Aristote (p. 10), nous avons établi, dans nos conférences aux Hautes-Études, par des textes précis, que, dans le traité de l’Âme, dans la Métaphysique, Aristote a donné une expression inexacte aux doctrines de Démocrite, d’Anaxagore, de Platon, etc., en les traduisant dans son langage, et en forçant ses prédécesseurs à répondre à des questions qu’ils ne s’étaient pas encore posées. En outre, il nous semble que l’œuvre de Platon n’est rien moins que systématique (p. 16), et que l’on ne peut donner à ses doctrines une rigueur logique, sans être obligé de déclarer inauthentique tel ou tel de ses dialogues. Mais M. Cazac nous répondrait que la plupart des historiens de la philosophie ancienne s’accordent à vanter l’exactitude des expositions d’Aristote, comme à parler du système platonicien, et que cela lui suffit.

Pour ce qui concerne l’exposition elle-même, M. Cazac a recueilli diligemment tous les textes, il leur a cherché une signification précise, il s’est entouré de toutes les informations nécessaires pour donner à la pensée d’Aristote toute la clarté désirable. Il a consulté les travaux modernes qui pouvaient lui être de quelque utilité, mais surtout il s’est inspiré des commentateurs du moyen âge. Nous ne saurions trop l’en